Etage Primo - Section Bêta

Seith s’était installé devant la Manodienne pendant qu’elle répondait à ses questions. Il ne pensait pas qu’elle répondrait aussi précisément et en fut largement satisfait. Quelque chose le gênait mais à savoir quoi… il trouvera peut être la réponse quand il aura prit le temps de réfléchir un instant. C’est quand même une femme qui à de l’ambition et qui ne manque pas de moyen, gérer un groupe de mercenaire comme celui là avec de bons éléments mais beaucoup de mauvais comparé à lui et Zakiel. Certes Seith ne se considérais pas comme un assassin. Tuez dans l’ombre c’est bon pour les lâches mais pas pour lui. Il était un guerrier et il était prêt à tuer le premier qui voulait changer sa vision.

« Je pense que ça ira non, à moins que tu veuilles que je ne te raconte ma vie ? »

Il sourit un instant mais décida d’effacer rapidement ce petit rictus :

« Non ça ira, je pense qu’on à pas le temps pour ça. Mais vous devriez faire attention avec votre Mutant. Avoir une blessure et traverser tout un étage comme il l’a fait est preuve d’un grand courage. Ne sous-estimez pas ceux qui vous entourent. De même pour la fée qui le suivait, je ne me souviens pas que les Mutants adorent la compagnie des autres races. »

Se moquant un peu de sa remarque, la Manodienne sorti sa carte et l’analysa rapidement pour enfin la ranger.

« Bon du coup, tu viens avec moi ? Il y a de fortes chances que tu puisses te battre comme tu le souhaites. Peut-être même en duel si on s'arrange bien. »

Pour une fois, il n’hésita pas, il se mit en chemin aux côtés de la Manodienne. L’idée de nombreux duels l’emportait sur le danger et ça, tout Anwilein le sait.

« Tu fais quoi de ta vie en fait, t'es un genre de mercenaire comme Zakiel ? Et en parlant de lui justement, quand est-ce que tu l'as combattu ? C'est quand même une belle performance de l'avoir battu ! »

Pourquoi toutes les conversations ramenaient elles forcément à Zakiel ?

« Non je ne suis pas comme lui, j’ai appris rapidement quelques rudiments de forgeron mais sans allez plus loin. Depuis la mort de mon père, je parcours, comme tout Anwilien, les étages de la Tour à la recherche de nouveaux combattants. Chemin qui m’a amené jusqu’à Zakiel. Nous nous sommes rencontré à la Cathédrale, il combattait déjà quelqu’un et une fois le combat terminé je suis intervenu pour tenter ma chance. Le combat à duré assez longtemps et très égal, seulement j’ai trouvé une ouverture à un moment et je l’ai mis à terre. »

Stoppant rapidement son discours, Seith pensa à ce moment et à ce que Zakiel avait fait pour reprendre le dessus. Il y songea rapidement mais décida de ne rien dire sur ce point à la Manodienne.

« Seulement j’ai été déconcentré par la foule qui regardait le combat et Zakiel en à profité pour se relevé. De là on a conclut une égalité, ayant chacun eu l’occasion de tuer l’autre. Voilà, et nous nous sommes promis une revanche. Je ne considère pas de l’avoir battu mais plutôt de l’avoir tenu en échec un court instant. »

Voyant que son discours n’avait pas l’air d’intéresser la Manodienne, il prit conscience que ses questions servaient juste à faire passer le temps. Temps d’ailleurs qui permis au duo d’arriver au pied de l’énorme cloison séparant les deux sections.

« La section Beta, décidément tu as le don pour nous emmener un peu partout. Ca te plait tant que ça la chasse ? »

Ils franchirent tout deux la cloison, faisant apparaître devant eux un paysage des plus improbables dans la Tour. De nombreuses parcelles d’herbes et de fleurs s’enchainant sur cette plaine. Tout ça représentant plus ou moins le printemps de l’extérieur. Seith remarqua rapidement qu’Héléna n’avait prit le temps de s’arrêter devant cette végétation comme il l’a fait. Seulement il n’avait jamais vu quelque chose comme ça, la présence de quelques arbres était encore plus étrange, comment ont-ils poussé ici, qui a réalisé cela ? Des questions que Seith aurait aimé poser à Héléna mais quelque chose lui disait qu’elle l’ignorerait superbement.
Parcourant le début de la section dans le calme le plus total, une ombre attira le regard de Seith dans les airs :

« Qu’est ce que c’est ? »

Il eut la réponse rapidement, voyant la forme étrange descendre un peu. Elle forma rapidement la silhouette d’un Yakon. Puis un, deux puis trois autres apparurent également dans les airs. Chacun prenant une direction différente rejoignant d’étranges abris dans les hauteurs de la section. Abris rejoint par de nombreux ponts de singe et de passerelles. Oubliant de regarder devant lui, Seith trébucha sur une pierre, il crut entendre un léger rire de la part de la Manodienne mais ne fit pas la remarque.

« Alors qu’est ce qu’on vient faire ici ? »

Le voyage se passa sans accroc. De toute façon, quels accrocs pouvaient-il y avoir ? L'Anwilein n'avait pas l'air d'être du genre à me sauter dessus sans prévenir. Peut-être qu'il en avait envie ceci dit. Je le regardai un moment tandis que nous marchions. Il n'avait vraiment pas l'air intéressé par autre chose que le combat, je me demandai d'ailleurs s'il foutait autre chose de sa vie que de se fritter avec le premier venu. Je savais bien que c'était là la façon de vivre des Anwileins mais j'en connaissais plusieurs qui savaient faire autre chose de leurs mains. Mais après tout, c'était très bien comme ça, c'était ce que je recherchais en ce moment. Il était prêt à se battre et je n'en demandais pas plus. Il avait été plus difficile à convaincre que ce que j'avais initialement pensé mais en tout cas pour le moment il devrait pouvoir se rendre utile. D'après ce que j'avais vu de ses compacités au combat, il valait bien plusieurs de mes hommes. Dommage que je ne puisse sans doute jamais le recruter. Encore que ça pouvait peut-être se négocier... En plus pour ne rien gâcher il était plutôt attirant, et surtout encore jeune.

De ce qu'il disait en tout cas et, sous réserve qu'il ne mentît pas, il avait vraiment combattu à armes égales contre Zakiel. Alors, même si d'un côté j'étais convaincu que la réputation qu'avait acquise Zakiel était surestimée et qu'il n'était pas aussi invincible qu'on le disait, d'un autre côté je savais qu'il restait un redoutable combattant, ayant pu le voir rapidement agir, et ça laissait présager du meilleur de la part de Seith. La fin de leur combat me paraissait des plus louches mais je n'avais vraiment pas de temps à perdre avec ça, d'autant plus qu'il ne me dirait sans doute pas la vérité maintenant. Il semblait plus que méfiant à mon égard. J'avais l'habitude, les mercenaires n'avaient pas vraiment la meilleure réputation... à juste titre d'ailleurs. C'était peut-être tout aussi bien d'ailleurs.

Nous arrivâmes bien vite à la section Bêta, où je ne pus m'empêcher de m'arrêter pour contempler rapidement le paysage. Je n'y passais que rarement, ne ressentait pas vraiment un besoin constant de me rapprocher de cette nature mais j'y trouvais tout de même quelque chose d'agréable. Toutes ces couleurs, ces senteurs, c'était extrêmement relaxant et je crois que, quoi qu'il puisse se passer ici, l'endroit garderait toujours cette volupté teintée de beauté. Un combat allait s'en doute s'y tenir, j'étais sans doute la personne la plus au courant de cela, normalement un meurtre aussi et pourtant, je ne ressentait ni une quelconque peur ni même un sentiment d'excitation, ce que je trouvais au final plutôt gênant. J'écrasai alors une fleur qui trainait là, tentant de me redonner un minimum de constance et pensant ainsi écraser la niaiserie ambiante qui stagnait paresseusement dans l'air.

 « Alros qu'est-ce qu'on vient faire ici ? »

Et c'était la deuxième chose qui me gênait, je n'apercevait aucun de mes hommes. Tout devait pourtant être prêt depuis un moment et Kint aurait dû être en train de m'attendre. Je ne me voyais vraiment pas m'occuper du Désintégrateur seule... enfin il y avait l'autre drogué du combat en renfort aussi. Tapotant nerveusement sur le pommeau de mon sabre, je commençais à perdre patience tandis qu'Ulysse, d'un naturel tout aussi impatient, avec trouvé comme occupation de lancer à droite à gauche et dans toutes les directions que l'espace lui offrait les petites merveilles qu'il pouvait trouver dans son nez. Un jeu qui passa très vite de mode quand il se rendit compte que les envoyer directement dans le dos de l'Anwilein présentait un degré d'amusement maximum. Je ne pus que sourir avec dégoût tout en pestant contre Kint.

« Mais bordel qu'est-ce qu'il fout ? »

Je vis alors sa silhouette, petite certes, apparaître dans l'ouverture de la cloison, suivie d'un groupe de mes mercenaires dont la diversité raciale était à peine compensée par l'égalité faciale de leur visage reflétant l'excitation à l'approche du combat, la peur à l'idée de se frotter au Désintégrateur et un soupçon sous-jacent de désirs sexuels diverses.

Kint n'eut pas de mal à remarquer que je n'attendais que de lui en coller une en récompense de l'attente et prit les devants :

 « Désolé, on s'est fait attaquer par des connards. Sans doute d'autres mercenaires et sans doute les mêmes qui vont ont attaqué tout à l'heure. Il n'y a que peu de pertes à déplorer, je pense qu'on peut continuer comme prévu. »

Et il savait bien prendre les devants d'ailleurs le bougre. J'eus à peine le temps de rassembler les informations qu'il m'avait données et de réfléchir au fait qu'il était inquiétant de voir un autre groupe tenter autant de nous barrer la route. Un piège peut-être ? Mais Kint avait raison, il fallait continuer. D'un geste de la main je lui indiquai de commencer les préparatifs tandis que, inclinant ma tête de gauche à droit, je me fis craquer le cou, imitant une pratique qui s'avérait aussi inutile que classe. Je m'approchai alors de Seith pour le mettre rapidement au jus sur la suite des évènements, lui parlant à voix basse.

 « Bon personne sait à quoi il ressemble le type alors on va être obligé d'attendre qu'il fasse une victime pour le coincer. Ya qu'à espérer que ça soit pas un de nous deux hein ? »

Je lui offris alors une lourde tape dans le dos, regrettant d'ailleurs ce geste quand ma main claqua contre sa lourde armure verdâtre.

 « J'ai des hommes placés à sa chaque ouverture dans la cloison extérieure comme tu peux le voix et on est quelques groupes à patrouiller discrètement dans l'intérieur de la section. »

Je tournai la tête pour apercevoir Kint m'indiquant d'un signe de la main que tout était en place.

 « Le truc c'est qu'on est sans doute tous les deux beaucoup trop voyant. Surtout toi d'ailleurs. Un Anwilein qui fait rien d'autre que de parler et glander au milieu des fleurs c'est pas normal. Et on voudrait éviter que le Désintégrateur se doute de quelque chose. Du coup va falloir que tu te comportes en Anwilein. Et d'avance excuse-moi pour ça... »

Ne lui laissant pas le temps de poser la moindre question, je lui collai alors une lourde gifle et, reculant de quelques pas, dégainai mon cimeterre et me mis en garde.

 « Ok puisque tu le prends comme ça ça va se régler dans le sang ! »

Puis lui chuchotant :

 « Vas-y doucement quand même, je voudrai pas être obligée de te tuer ! Ah ah ! »

[Couleur : bleu = seith, rouge foncé Héléna, les autres se sont différents mercenaires.]

Seith ne comprit pas tout de suite pourquoi Héléna avait osé le frapper alors qu’elle discutait avec lui juste avant. Il l’a voyait là, se tenant devant lui, sabre en main mais le regard trahissant sa véritable envie de se battre.

« Vas-y doucement quand même, je voudrai pas être obligée de te tuer ! Ah ah ! »

Ayant enfin analysé le pourquoi du comment de cette baffe. Il décida enfin de se mettre en posture de combat et, abaissant son bras, fît apparaitre son trident. Normalement ce moment était synonyme de grande joie pour lui mais cette fois il ne pourra pas montrer tout son talent au combat, son but était juste d’être un appât avec son pseudo adversaire du moment et cette idée ne lui plaisait guère. Pour ne pas perdre toute crédibilité, il fît tourner son arme autour de lui pour ensuite pointer le trident en direction d’Héléna.

« Tu vas regretter amèrement ce que tu viens de faire, femme. Prépare toi ! »

Puis il se lança sur Héléna qui esquiva rapidement sa charge. S’en suis de nombreuses feintes de la part des deux combattants, chacun ne montrant qu’une petite partie de leur talent. Seith avait enfin comprit pourquoi tout ça, c’est pourquoi qu’il préféra ne pas se fatiguer sur un combat sans interet. Dans peu de temps, il aura besoin de toutes ses forces et il ne peut se permettre de perdre suite à un combat contre une femelle.

Un moment d’inattention qui lui couta une entaille sur le bras, il ne s’était pas assez concentré mais décida d’y remédier rapidement. Tandis que Héléna gardait le même regard sur Seith, il était difficile de savoir si elle était sérieuse ou non tellement son regard était fixe et ne montrait aucune expression. Seuls ses coups trahissaient son ambition. Tout comme Seith, elle était surtout concentrée sur ce qui se passait autour, au moindre petit cri ils devaient accourir pour piéger leur cible mais c’est là que Héléna était plus habilité à réagir que Seith. Elle possédait un atout que Seith n’avait pas, son compagnon. Il n’hésitera certainement pas à sortir Héléna du combat à la moindre alerte alors que Seith lui, devait rester concentrer sur le combat et sur son ouïe.
Seulement, le combat dura, dura et dura encore pendant de longs moment. Même si celui-ci n’étais pas intense, il en devenait pénible. Les mouvements étaient moins régulier, moins précis, les muscles de chacun commençaient à se durcir pour laisser place à des courbatures mais les deux combattants se lassaient et se demandaient si cela servait à quelque chose en fin de compte.

Seith s’arrêta d’un coup, ce qui surprit encore plus Héléna qui se mit de nouveau en position défensive. Ses yeux s’ouvrirent en grand en voyant l’arme de Seith disparaitre. Reprenant un peu son souffle, Seith s’expliqua :

« A mon avis, ce n’est pas la bonne façon pour l’attirer. Il serait déjà venu depuis longtemps si il voulait nous avoir, tu ne crois pas ? Laissons peut être le relais à d’autres pour que l’on puisse se reposer un peu car dans l’état où nous sommes chacun de nos mouvements nous fera souffrir. »

N’attendant pas la réponse d’Héléna, Seith s’éloigna pour se trouver un coin tranquille et méditer sur de nouvelles attaques ce qui l’entraina en fin de compte dans le sommeil.

Un sommeil de courte durée car des cris immergèrent au dessus de sa tête. Des Yakons se disputaient et à en voir le visage d’Héléna, ils ne faisaient pas parti de son groupe de mercenaires. Le ton monta et des coups s’échangèrent rapidement mais quelque chose n’allait pas. Seith regardait autour de lui et personne ne bougeait, l’instant était figé sauf pour lui. Il avança vers Héléna pour la secouer mais rien.
Il fit encore quelques pas sans comprendre ce qu’il se passait et il ne sentait pas le regard qui le suivait. Tournant le dos à un des mercenaires, celui se lança sur Seith sans un bruit et lui planta son arme dans le dos. Hurlant de douleur Seith ouvrit enfin les yeux.
Héléna n’était pas loin encore une fois, elle avait dû entendre le cri de Seith mais son regard était impassible comme toujours.

« Je me suis assoupi longtemps ? » Elle hocha la tête en signe de négation, ce qui rassura aussitôt Seith.

« Désolé d’avoir déserté le combat comme ça mais ce n’est vraiment pas mon truc le cinéma. Il faudra faire… »

« Tu vas te bouger de là oui ? »
« Non mais tu te prends pour qui, écarte toi j’ai du boulot ! »
« Ouais allez ramasser des fleurs ahahahah »
« Écarte toi je t’ai dis »
« Non mais sans blague, tiens »

Un bruit de coup arriva aux oreilles du duo. Cherchant d’où provenaient les voix, Seith leva les yeux pour apercevoir deux Yakons qui se disputaient. D’autres Yakons se joignirent aux deux bagarreurs pour les retenir. Voyant tout ceci inefficace, ils éloignèrent de force les deux hommes ailés.

« Des gars à toi ? »

Et une fois de plus, elle était là à ne rien dire a part regarder fixement la scène.

« ALERTE KINT EST BLÉSSÉ, VENEZ !! »

Et à ce moment là, Seith se demanda si ce n’étais pas la première fois qu’une panique prenait la place de la froideur du regard de la Manodienne.

« Allons-y, vite ! »

Ils arrivèrent rapidement auprès de Kint qui était allongé sur le sol, se tordant de douleur.

« Qu’est ce qui se passe ? » demanda rapidement un des mercenaires arrivant lui aussi sur le lieu.

« Je ne sais pas, on était distrait par la dispute des Yakons et quand on a rebaissé les yeux, Kint hurlait et … »

Le mercenaire avait balayé l’horizon autour de lui du regard et se stoppa net devant une silhouette lointaine, aussi sombre que les ténèbres.

« Le Désintégrateur est là ! »

Un combat sans vainqueur ni perdant, voilà qui ne semblait pas plus plaire à Seith qu'à moi-même. Une parodie de combat dirons-nous, où chaque coup était calculé dans l'optique de l'économie d'énergie et de la survie de son adversaire. Autant je n'étais pas du genre à me lancer comme une brute dans le moindre combat à ma disposition, contrairement à l'Anwilein, autant je savais apprécier un vrai combat. Et celui-ci n'en était pas un. Néanmoins je pus, même si chacun de ses coups était ralenti et diminué par nécessité, me rendre compte des capacités de mon associé temporaire. Et il semblait en avoir beaucoup !

C'est lui qui finalement décida d'arrêter le combat, sans doute bien moins enclin que moi à jouer la comédie. Je ne m'y opposai pas d'ailleurs, consciente qu'il nous faudrait tous les deux être en pleine forme quand, et si jamais, le Désintégrateur se montrait. Je commençais d'ailleurs à être de plus en plus sceptique sur le fait qu'il vienne. Se doutait-il de quelque chose ? N'avions-nous pas été assez discret ? Ou mes informateurs étaient-ils tout simplement trop à la ramasse ? En tout cas pour l'instant il n'y avait aucun signe du Désintégrateur. Ni même d'un blessé d'ailleurs. Et je commençais à perdre patience, perdant mon esprit dans la contemplation d'une fleur que je ballotais à droite à gauche du bout du pied. Je jetais un coup d'œil à Ulysse, qui se prélassait dans un tas d'herbe, étirant chacun de ses membres dans un grognement sourd.

Tandis que Seith était parti se reposer, semblant même s'être endormi, je m'étais assise par terre, faisant mine de contempler les fleurs alentours. En fait, j'étais bien trop excitée pour me perdre dans cet élan de niaiserie et tout ce que je faisais se résumait à arracher 4 par 4 les pétales de toutes les fleurs qui passaient à proximité. Pas vraiment classe mais ça avait l'avantage de me détendre.

J'étais tellement tendue que le cri de l'Anwilein me fit me dresser sur mes deux jambes, la main sur mon cimeterre. Finalement il semblait juste que cet imbécile avait fait un mauvais rêve. C'était bien le moment... J'allai lui lancer une moquerie quand d'autres bruits m'interrompirent. Levant brusquement ma tête vers la source du bruit, je pus apercevoir au bout de quelques secondes de concentration qu'il ne s'agissait que de Yakons qui se mettaient sur la tronche. Me calmant un peu, je ne pus que stresser à nouveau quant cette fois ce fut des hommes à moi qui crièrent :

« ALERTE KINT EST BLESSÉ, VENEZ !! »

Cette fois, je ne pus cacher mon étonnement couplé à ma panique tandis que je courrais vers le Thisbane. Il gisait à terre se tordant de douleur et, le connaissant, c'est qu'il devait vraiment douiller. Malgré sa faible stature, Kint était du genre costaud, continuant même sous le coup de plusieurs blessures. Le fait est qu'il évitait d'ailleurs le plus généralement de les prendre ces blessures et le voir blessé était vraiment chose rare. Ce qui ne fit que m'inquiéter d'avantage. D'autant plus qu'il était un atout précieux à la fois dans mon groupe et dans mon plan. Lui tenant la main, j'essayai de savoir ce qui lui était arrivé mais ce fut finalement l'Anwilein qui m'en apporta la réponse :

 « Le Désintégrateur est là ! »

Tournant rapidement mon visage vers la silhouette, je ne pus que constater avec horreur que Seith avait raison. Impossible de nier le fait que cette apparition était particulièrement terrifiante. Caché derrière sa cape, on ne pouvait pas discerner l'individu. Son visage, sa stature, sa race, impossible de savoir à qui nous avions à faire. Mais une espèce d'aura l'entourait qui rendait certain le fait qu'il s'agissait bien du Désintégrateur.

Mais l'heure n'était pas au claquage de dents et, d'un signe de main, je fis signe à mes mercenaires présents autour de se grouper devant l'individu. Quelques autres mercenaires qui trainaient aussi dans la zone arrivèrent dans ses arrières, permettant au petit groupe de 6 mercenaires de l'encercler complètement. De mon côté, consciente de ce qui venait d'arriver à Kint et connaissant son sort, je dus me résigner à le laisser là. Ce dernier d'ailleurs avait très bien compris ce qui lui arrivait et, d'un signe de tête, me fit comprendre qu'il savait qu'il n'y avait plus rien à faire. Tentant de cacher ma tristesse, je me levai donc pour rejoindre mes mercenaires et le Désintégrateur. Et alors, tandis que j'allais lui demander de se rendre pour sa propre sécurité, il tendit simplement la main et deux de ses attaquants tombèrent sur le sol, comme si toute énergie les avait abandonnés. Tandis que les autres, moi y compris, étaient encore sur le choc de ce qui venait de se passer, un des mercenaires fonça sur le Désintégrateur, arme à la main. Il n'eut même pas le temps de porter son coup qu'une violente explosion emporta ses deux mains, le projetant lui-même à terre.

Inutile de dire que mes mercenaires restant, n'osaient rien tenter, de peur de connaître le même sort et le Désintégrateur sembla le comprendre, puisqu'il s'avança tranquillement vers Kint qui gémissait de plus en plus. Finalement, alors qu'il avait dépassé mes mercenaires, ces derniers l'attaquèrent dans le dos. D'un autre signe de main, il les repoussa tous les trois et les envoya voltiger contre un mur et continua d'avancer comme si de rien n'était. J'étais la seule à encore me trouver entre lui et Kint et je dégainai mon cimeterre, consciente que je ne pourrais sans doute pas faire mieux que mes hommes. Hésitant si je devais l'attaquer ou seulement me défendre, le choix ne fut pas le mien au final puisque, levant sa main vers moi, je me retrouvais bien vite paralysée, incapable de bouger ou même de respirer et face à mon ennemi qui se rapprochait dangereusement. Alors qu'il passa à côté de moi, il ne fit rien d'autres que de me glisser quelques mots dans l'oreille :

« Ce n'est pas moi que tu cherches. Moi je ne suis qu'un vautour. »

Et il continua son chemin, relâchant son emprise sur moi. M'écroulant à genoux, je tentais de rassembler mes esprits et de récupérer mon souffle. Perdue dans mes pensées et ma terreur, je ne vis même pas Kint se compresser sur lui-même dans un effet très dégoûtant, avant qu'il ne reste de lui plus qu'une petite boule en suspension dans les airs, vers laquelle se rapprochait le Désintégrateur. C'était ce qu'il voulait et il allait l'avoir sans que nous n'ayons rien pu faire. Une défaite pitoyable... Maintenant plus animée par l'orgueil et la saveur amère de la défaite, je ne pus me résoudre à un tel résultat et, tandis qu'il était en train de se saisir de la boule violacée, je me saisis moi-même de mon arbalète et tira dans sa direction.

Il sembla finalement qu'il n'était pas un surhomme invincible ou qu'au moins il était trop concentré pour éviter mon tir puisque le carreau vint se planter dans son dos, lui arrachant un cri de douleur. Lâchant la petite boule qui vint frapper le sol en se désintégrant dans un flash aveuglant, il se retourna pour voir d'où venait le tir et me fit face, tandis que j'armais un autre tir. Finalement, alors que je lui tirai à nouveau dessus, et quand je pensais qu'il allait me faire exploser les mains comme mon mercenaire quelques temps plutôt, il prit la fuite, laissant mon carreau aller s'écraser contre un arbre. Armant un troisième tir, je pointai mon arbalète dans sa direction tandis qu'Ulysse vint lui barre la route tentant de lui mettre un coup de griffe. Il réussit à ralentir suffisamment mon adversaire pour que je puisse lui tirer un carreau qui vint se planter dans sa jambe, permettant de ralentir sa course. Il semblait que la douleur lui avait fait perdre ses moyens puisqu'il ne prit même pas le temps d'essayer sa magie sur Ulysse, ne le repoussant que d'un revers de la main puis reprenant sa course vers une des sorties de la section. Je criai alors à Seith :

 « Seith c'est le moment ! Attrape-le à la sortie ! »

Seith avait regardé le début du combat qui était assez pitoyable à son goût. Ce Désintégrateur qui faisait trembler nombre d’habitants de la Tour, fuyait misérablement le combat et en plus se laissait blesser par une simple arme …En tout cas l’Anwilein était impressionné par le sang-froid de la jeune guerrière, elle avait réussit à garder la tête froide alors qu’elle a cotoyé la mort de très près. L’image de Kint réapparut dans la tête de Seith, difficile de doser la souffrance qu’il avait ressentit à ce moment là et le guerrier aux yeux émeraudes regretta d’avoir perdu un tel adversaire pour plus tard. Tant pis, il en trouvera d’autres, du moins si il survit à ce combat.

« Seith c'est le moment ! Attrape-le à la sortie ! »

Pas besoin de lui dire deux fois, Seith avait déjà entamé sa course vers la sortie où se dirigeait le Désintégrateur, il réussit même à le prendre de vitesse. Alors que son prochain adversaire était trop occupé à surveiller ses arrières grâce aux distractions de la Manodienne, Seith s’était placé devant lui, il n’attendait plus que le corps à corps commence.

Plus qu’une vingtaine de mètres, Seith fît appel à sa Voix. Le trident apparût et comme à son habitude l’Anwilein entama quelques petites passe dans le vent pour s’échauffer avant l’arrivé de son ennemi.
Plus qu’une dizaine de mètres, ça allait commencer. Toutes les personnes présentent dans la salle voyaient Seith en posture de combat. Ils ne remarquèrent pas que l’Anwilein ne se tenait pas comme d’habitude, c’était le pique à la base du trident qui était pointé en avant et non le trident en lui-même.

5 mètres « C’est partit, j’espère que tu regardes ça de là où tu es Kint ! » Seith prit un pas d’élan avant d’effectuer un bond en avant visant directement le cœur du Désintégrateur avec sa pique. « Meurs ! »

Le Désintégrateur esquiva de justesse l’attaque, surement Seith l’aurait touché si il ne s’était pas mit à parler juste avant d’attaquer. Quoiqu’il en soit l’ennemi s’était rapidement déplacé dans le dos de l’Anwilein. Ne voulant pas laisser une occasion à son adversaire de montrer ses pouvoirs, Seith enchaina rapidement des coups avec son trident alors qu’il restait dos à son ennemi. Seulement le Désintégrateur semblant bien plus habile que sa forme ne laissait paraitre. Le combat semblait inégale et largement en défaveur du guerrier émeraude

La forme immonde de son ennemi prit du recul et voyant que Seith allait recevoir du soutient de la part des mercenaires au service de la Manodienne, il prononça quelques mots dans un dialecte étrange et leva une de ses mains en l’air. Une espèce de sifflement retentit et à une quinzaine de mètre du duel des deux hommes, une barrière s’était formée. Un des hommes essaya de passer mais il fût projeté quelques mètres derrière lui en un instant.
Pour Seith, ça sentait pas bon, il était maintenant bel et bien seul et sans aucun moyen d’échapper à son adversaire, même si dans sa tête la fuite ne faisait pas partie de ses idées.

« Je suis lassé de toi pitoyable créature, tu as osé te mettre en travers de mon chemin et tu vas vite le regretter »

Aussitôt il prononça de nouveau quelques mots que Seith ne comprenait toujours pas. Le Désintégrateur prit encore un peu de recul puis, pointant sa main en direction de l’Anwilein, une boule noire sortit et se projeta en sa direction, il esquiva d’une roulade sur le côté tandis que le projectile fila s’écraser contre un arbuste qui se fana instantanément.

« Ca ce n’est vraiment pas bon mais pas bon du tout ! » Il se mit à courir autour de son adversaire tandis que celui-ci continua à tirer ses boules de la mort. Bientôt tout le terrain à l’intérieur de la barrière serait mort. Le Désintégrateur lança trois autres boules dans les airs qui se heurtèrent quelques mètres plus hauts, provoquant une petite explosion et une épaisse fumée noire.

Distrait par ce phénomène, Seith n’avait pas remarqué que son opposant s’était déplacé vers lui, et bien trop rapidement. Il n’eut pas le temps de mettre son arme entre eux que les poings de l’être noir vinrent s’écraser contre l’armure de l’Anwilein qui fût éjecté en arrière. Sa tête heurta le sol et il cracha une giclée de sang avant de tousser un bon coup.

« Bien, maintenant laisse moi prendre ta vie. »

Une petite boule argentée apparue au-dessus de sa tête, pas plus grosse qu’une bille. La forme noire s’en saisit et la dirigea sur l’Anwilein qui gisait au sol. Par instinct de survie, ou peut être guidé par la peur, Seith tenta un mouvement de poigner avec son trident pour renvoyer le projectile. « CLING » Il avait réussit...Non... la bille partait dans la direction opposé à celle du Désintégrateur.

Comprenant qu’il en faudrait plus pour abattre le guerrier émeraude, l’ombre noire se recula et se remit à lancer des boules ténébreuses, plus lente que les précédentes mais Seith avait réussit à se relevé et renvoya les boules comme il l’avait fait avec le projectile argenté. Il lui fallait une idée et vite, en attendant qu’elle arrive il ne fallait pas laissé du répit à son adversaire pour l’empêcher de prononcer encore des incantations. Esquivant les coups de poing, Seith se trouva dans son dos. La voilà son idée, il allait enfoncer plus profondément le carreau que la Manodienne avait planté dans le dos de la chose.

Seulement le carreau n’était plus là, il n’y a d’ailleurs plus aucune trace de chacune des blessures que le Désintégrateur avait subies. Et ce doute fût encore puni de nouveaux coups en pleine poitrine que son assaillant lui offrit. Seith s’effondra de nouveau tandis que la créature prononca de nouvelles paroles et l’Anwilein se retrouva immobilisée au sol par des racines qui bloquaient chacun de ses membres.

Une nouvelle boule argenté fit son apparition au dessus du Désintégrateur, Seith ferma les yeux malgré lui, il était à bout et perdit connaissance.
Ca y est elle est lancée, le Désintégrateur ricanait secrètement mais d’un coup la boule s’évapora et tandis qu’elle disparaissait, le même phénomène se produisait sur le Désintégrateur qui devenait de plus en plus transparents.

« NOOoooON POURQUOI MAINTENANT MAITRE ?! »

Aussitôt la barrière comme les liens qui bloquaient Seith au sol disparurent également. Il ne sentait pas que quelqu’un le transportait et d’ailleurs il ne savait pas qu’il avait échappé à la mort.

Vous l'avez voulu, vous l'avez eu, mon RP sur Amatsu!

(Dialogues: En indigo, T'sad et en violet, Mhi-Mi.)

Les rêves... Le meilleur refuge qu'il puisse exister dans la vie est sans aucun doute celui que l'on se forge à partir des bribes issus de notre subconscient et des souvenirs que l'on récolte, qui via le sommeil, se manifestent parfois sous formes de songes plus ou moins agréables.
Les rêves... C'est aussi un monde unique où notre moi intérieur nous fait revivre des choses qu'on a vécu, que l'on vit, ou encore vivra par le biais d'une reconstitution d'une partie de notre existence et qui cherche à adresser un message à notre conscience d'une manière hélas souvent mal interprétée. Ces nombreuses incompréhensions, bien que fâcheuses, ont néanmoins contribués à la croyance populaires des rêves prémonitoires.
Mais les rares fois où les êtres vivants parviennent à l'exploit de se souvenir de leurs rêves... C'est surtout quand ils racontent n'importe quoi parce que les songes ne fonctionnent malheureusement pas comme une machine à voyager dans le temps. De ce fait, la plupart des gens ne s'attardent donc que rarement sur leur contenu.

C'est bien dommage, mais compréhensible.

En effet, quand on se voit à table dans une caverne en train de manger du chocolat en compagnie de parfaits inconnus, qu'ensuite d'autres personnes montés sur de drôles de bestioles cassent peu après le mur de la caverne alors que c'est pas possible en vrai tout en psalmodiant que c'est interdit de manger du chocolat et qu'enfin, les assaillis répliquent que si, ils ont le droit parce qu'ils sont chez eux et ce, de plus en plus fort, il faut avouer que n'importe quelle personne de Moemif pourvue de bon-sens ne chercherait certainement pas de messages cachés dans un rêve aussi burlesque et se réveillerait immédiatement, en se demandant peut-être quel goût pourrait bien avoir le chocolat en question...

Or, T'sad était une personne de bon-sens et ouvrit donc les yeux immédiatement devant tant de stupidité concentrée en si peu de temps. Ou plutôt son œil dans son cas car étant aveugle depuis toujours, il ne pouvait voir que par l’œil violacée qu'il avait un jour implanté sur sa vraie-fausse fille Mhi-Mi. Un cadeau d'une fontaine qui était aujourd'hui toute sa vie en plus d'être sa vue. Une fois s'être frotté ses paupières encore endormies avec ses mains afin de sortir de sa torpeur, le Thisbane se concentra pour se servir de son pouvoir, et put apercevoir immédiatement le soleil l'agresser de plein fouet avant de fermer inutilement ses propres yeux comme pour se protéger des rayons aveuglants. Le jour était donc déjà levé depuis un moment, ce qui ne semblait pas satisfaire la fée noire :

« Et galère, j'suis en retard. C'est pas le moment... Mhi-Mi ? Tu peux venir ? Mhi-Mi ! »

Le silence résultant de son appel eût au moins le mérite de désenbrumer son cerveau encore en veille, qui put arriver à la conclusion que si sa fille ne répondait pas, c'est qu'elle était dehors. Le soleil qu'il put voir précédemment se présentait là comme une preuve formelle. Se levant de son lit de bois grinçant, T'sad parvint à attraper son fameux monocle à chaîne sur la table de chevet situé à côté de sa couche, le mit sans difficultés majeures malgré sa cécité et entama la traversée de la pièce en aveugle, non en bougonnant quelque peu :

« J'te jure... Qui c'est qui m'a refilé une assistante pareille ? »
Il avait évidemment la réponse à cette question mais était toujours d'assez mauvais poil quand l'assistante en question s'était faite la malle pour faire bronzette.

De plus, histoire d'en ajouter à son ronchonnement, il ne pouvait voler pour pallier à son handicap : La fée noire avait depuis plusieurs années élu domicile au sol de l'étage Primo de la section Bêta dans une sorte de petite tour aux pierres naturelles empilés les unes sur les autres et ce, apparemment, sans aucune précautions particulières. La bâtisse, haute mais d'une largeur modeste, semblait avoir poussé tel un arbre de pierre parmi la végétation ambiante. Mais le tout tombait petit à petit en ruine si l'on en juge par les nombreuses lézardes s'étirant sur les murs. Malgré les apparences, ce qui rendait l'envol périlleux n'était pas l'architecture du bâtiment en lui-même, mais les nombreux filins tombant au plafond, derniers vestiges d'un juchoir à Yakons disparu depuis longtemps, dont le Thisbane se servait pour y accrocher toutes sortes de biens plus ou moins volumineux, transformant ainsi la voie des airs en un véritable chaos aérien et rendant le vol à l'aveuglette impossible.
Après avoir trouvé par hasard sa cape bleuté et à s'être emmitouflé dedans pour avoir un air plus présentable et après avoir perdu de précieuses minutes à avancer à tâtons dans la pièce unique de sa demeure, la fée noire était enfin parvenu à sortir de chez lui et à retrouver Mhi-Mi qui se reposait sur un parterre de fleurs non loin de là.

« Ah te voilà ! C'est trop dur de venir quand je t'appelle ? » Sermonna T'sad sans grande convictions à l'égard de sa fille.

La poupée végétale le considéra d'un œil moqueur. Avec la tête d'endormi qu'avait son géniteur comme seule mesure, elle cherchait à estimer le nombre de murs mangés en pleine poire ainsi que le temps nécessaire pour qu'il arrive jusque ici. Le calcul étant trop difficile, elle se contenta de répondre à sa question.

_Ça va, je prenais juste le soleil. Les miroirs renvoient plus de rayons que d'habitude parce que c'est la saison des bourgeons alors j'en profite !
_A propos de bourgeons, je te rappelle qu'on doit se rendre au Jardin et qu'on est loin d'être en avance.
_Encore ! Mais on y a été hier !
_Et on ira encore aujourd'hui. On y va tous les jours au lever du jour, c'est comme ça. En plus, nous sommes en retard et j'ai pas envie qu'elle s'inquiète.

Mhi-Mi imita le bruit du bourdon avec sa bouche afin d'exprimer son exaspération dans un langage non interdit, dont T'sad n'y prêta pas attention car trop occupé à se préparer. Elle avait horreur d'être interrompue en pleine séance de photosynthèse, mais n'ayant pas trop le choix devant l'entêtement de son géniteur, la créature artificielle se résigna, et après s'être assise sur l’imposante tignasse d'un Thisbane fin prêt, partirent enfin tous deux en direction du Jardin.
La fée noire salua au passage quelques-uns des nombreux Yakons habitant le coin. Certains lui renvoyèrent poliment son salut quand d'autres passaient à toute vitesse devant lui sans même tourner la tête, contribuant à l'étiquette « hautaine» que l'on collait à leur race, parfois à juste titre il faut le reconnaître. Mis à part que la poupée végétale, d'ordinaire bavarde, ne prononça pas un seul mot tout le long de la route, le voyage se passa sans encombre et ils arrivèrent enfin devant le paysage idyllique du Jardin.

A ce moment là, la bouderie de Mhi-Mi laissa la place à des yeux ronds comme des billes et à un large sourire.
_Y'a plein de fleurs rouges ! Et des belles en plus !
_Att...

T'sad n'eût le temps d'en placer une qu'elle était déjà partie vers les fameuses fleurs qui heureusement, se situaient proche du bord pour la plupart. Pour une raison qui lui est inconnue, sa fille a depuis toujours une obsession frappante pour tout ce qui est rouge. A son plus grand dam, cela ne concernait pas uniquement les fleurs, mais tout, et par mesure de « sécurité », ne lui avait jamais parler de l’existence des rubis. Laissant Mhi-Mi s'abandonner dans cette frénésie si particulière, le Thisbane s'allongea sur la bordure, fermant ses yeux aux pupilles immobiles, laissant les bruits qui l'entourent de côté comme pour se retirer quelque temps de ce monde afin de communiquer, du moins l'espérait-t-il, dans celui du Jardin. Puis il commença à chuchoter ces quelques mots :

_ Excuse-moi de ne pas être là à temps, j'espère que tu ne m'as pas attendu trop longtemps, Yahmui. Tu sais...

Il n'en s'était pas rendu compte, mais un sourire assez niais s'esquissait sur son visage au fur et à mesure que la fée noire continuait son monologue qui était destiné à celle qui fut l' amour de sa vie. Pourtant Yahmui, car tel était son nom, n'apparaissait jamais parmi la végétation luxuriante des toits de la Cathédrale. Peut-être était-t-elle devenue un arbre ou un fruit parmi ce paysage digne d'une toile de maître.

Mais pour T'sad, « sa » Yakonne l'écoutait, le guidait, lui parlait encore et encore et lui, lui répondait en se rendant ici tous les jours à l'aube. Et ce petit jeu durait déjà depuis une bonne dizaine d'années...

Secteur Bêta.

Une forme rouge survole un bâtiment qui semble être, à tout point de vue, un lieu de débauche, de vices et d'alcools. Sans bruits, cette forme descend à 2m du sol et observe par la fenêtre afin de mesurer l'énergie vitale qui émane de ce lieu.

Une de moins.

A l'intérieur de ce qui semble finalement n'être qu'un bar, une bagarre venait de se terminer violemment par la mort d'un Anwilein, tandis que le vainqueur, un Manodien, se faisait offrir des verres en guise de trophée.

« Orgueil 0 - Brutalité 1 » ricana intérieurement la cape rouge flottante au dessus du sol

Profitant qu'un massif Benzert entre dans le bar, l'ombre se glisse dans son dos et entre à son tour sans se faire remarquer, puis, ramenant sa cape un peu plus proche de ses jambes, personne ne remarqua la forme d'une cinquantaine de centimètres de haut qui s'était perchée sur un lustre pendant du plafond.

S'asseyant confortablement, l'intruse fit un tour d'horizon de la salle afin de trouver une nouvelle occupation.

Mais rien ne semblait se déclencher selon ses espérances. La bagarre n'avait pas duré et était en fait totalement ridicule. Le corps de l'Anwilein venait de disparaitre et tout le monde faisait comme si rien ne s'était passé alors qu'il y avais un fort potentiel de comique brutalité.

Quel gâchis ! Un tel potentiel !

Déçue, l'ombre au plafond allait devoir une fois de plus donner une petite pichenette de volonté afin d'aider le destin.
Parcourant une nouvelle fois la salle du regard, elle trouva sa cible : un Benzert assis seul à une table, passablement éméché, qui semblait en grande conversation avec son pichet de vinasse.

Un tel déchet ne devrais pas être facile à pousser un peu, il suffira d'user de très peu de son pouvoir.

« Et c'est parti ! » songea l'ombre.

D'une impulsion mentale, elle entra sans douceur dans la Voix du Benzert, puis transite un instant à l'intérieur de celle-ci avant de se transfèrer dans l'esprit de son possesseur, en s'arrêtant uniquement dans les couches superficielles de son esprit afin de ne pas trop l'abîmer. Elle apprit ainsi les informations de base nécessaire à son œuvre.

Nom : Nhärm
Voix : Thriar
Age : 43 années
Fonction : Aucune
Parents :
[...]

L'ombre apprit plus que suffisamment d'éléments pour arriver à ses fins.

« Hey! Nhärm? HEY! »

Avec un air un peu surpris, le Benzert se redressa sur son siège. Puis sans bouger plus, il parla mentalement avec ce qu'il pensait être sa Voix.

« Mmh... Tu veux quoi Thriar? Jt'avais dit d'pas m'déranger... »

« Toutes mes excuses. Regarde un peu sur ta droite. T'as vu le grand costaud là? Le Yakon? Il cause de toi avec le Barman. Parait qu'ils veulent te faire sortir d'ici, que tu fais peur à la "clientèle" tu vois? »

« Arrête tes conneries... T'sais bien que j'suis un habitué et qu'ils ne feraient jamais ça. J'ai dépanné plusieurs fois Faith pour qu'il me foute la paix. »

Rapide recherche dans les souvenirs du Benzert. Faith : Nom du Barman. Pas d'soucis, on adapte.

« Ils causent de la dernière fois que tu lui as filé des Mollidons. Ils se foutent de toi. »

« Arrête un p... » Risquant un coup d’œil, le Benzert fut surpris de voir un rictus de haine sur le visage de Faith qui l'observait.

Ce rictus n'était en réalité qu'une illusion crée par l'ombre dans l'esprit du vieil ivrogne, mais cela aura suffit.

« Vas-y. Va lui expliquer ta façon de penser. J'm'occupe de te protéger, mais fait fissa! »

Au lieu de changer la forme du Benzert comme le fait leurs Voix habituellement, la manipulatrice verrouilla sa Voix pour qu'il ne l'utilise pas, juste quelques instants...

Nhärm se leva péniblement de la table, s'avança vers le bar d'un pas décidé et commença à insulter Faith, qui ne comprenais pas vraiment ce qui arrivais à son vieil ami. Devant tant de mauvaise foi le Benzert s'énerva de plus en plus, sous le regard amusé de l'ombre, qui observait toute la scène du plafond, attendant le moment décisif de la blague ultime.

Au bout de quelques minutes d'incompréhension sous le regard médusé/amusé des autres clients, Nhärm craqua et sortit une arme de poing de sous sa cape et la pointa droit entre les deux yeux de Faith.

La détonation fit bien plus de bruit que le hurlement de rire silencieux de l'ombre rouge.

Le Barman s'effondra derrière son comptoir, la tête réduite à un état de pulpe sanguinolente, la cervelle étalée derrière lui en une fresque presque magnifique si l'odeur de poudre âcre ne venait pas gâcher tout ça.
Après un instant de flottement, le Benzert sombra totalement dans la folie et abattit le Yakon qui discutait avec Faith avant de tourner son arme vers d'autres personnes.

Nhärm fut arrêté et abattu au bout de la quatrième victime. L'ombre songea avec mélancolie que le record des treize morts qu'elle avait provoquée par le biais d'un Anwilein ne serait jamais égalé.

Faut dire qu'avec un fusil mitrailleur, c'est autrement plus facile. Limite hors-jeu, même.

Alors que les corps disparaissaient dans une sorte de feu d'artifice de gerbes d'étincelles dorée qui marque le bouquet final de cette magique mise en scène très drôle, l'ombre glissa en dehors du bâtiment. C'était encore plus facile de manipuler ce vieux Benzert qu'elle ne l'avais imaginé.

Un rayon de lumière éclaira brièvement son visage blême et inexpressif, et l'ombre se dit qu'elle ne déméritais vraiment pas ce surnom qu'elle s'était donnée : « Malice ». Ce qu'elle ne comprenais pas, c'est pourquoi peu de monde trouvait tout ce qu'elle faisait beaucoup moins drôle que ce qu'elle en ressentais?

Flottant un instant au dessus du bâtiment, elle se dit qu'elle avait bien fait de ne pas se révéler. Elle allait avoir besoin d'un toit pour cette nuit, et peut-être reviendrais t'elle en ses lieux afin de trouver quelqu'un qui la trouve suffisamment « mignonne » pour s'occuper d'elle.

En attendant, elle décida d'aller faire un tour dans les Jardins, situés sur la Cathédrale de Cristal. Ce n'était pas très loin, et elle adorait passer par cet endroit, surtout après son œuvre afin de voir si de nouvelles fleurs n'avaient pas poussés...

Après quelques minutes de vol, « Malice » arriva finalement aux Jardins de Moëmif, et commença à rechercher de nouvelles plantes, afin de voir en quoi le Benzert ivrogne qu'elle avait poussé à la folie aurait pu se réincarner. Le plus drôle serait qu'il se soit transformé en pied de raisin. L'ultime ironie d'une pathétique existence!

Soudain, elle entendit une sorte de couinement derrière elle et fut prise d'un instant de panique. Totalement sans défense, elle ne savait pas à qui elle avait à faire et se retourna, prise au dépourvu, elle chercha de prime abord une cachette avant de se sauver fissa. Finalement, ce qui lui faisait face ne semblait pas dangereux.

On aurais dit une plante du Jardin qui avait pris vie. Comme si Moëmif avait besoin d'une nouvelle forme de vie dégénérée ! Les mutants suffisaient...

Le buisson-vivant semblait se tenir à bonne distance, les deux petits êtres s'observant mutuellement. « Malice » tenta de scanner son esprit afin de voir si elle ne pouvait pas le faire se jeter du haut de la Cathédrale, mais cette chose sembla complètement imperméable. Cette chose n'avait pas de Voix...

Avec un frisson de terreur, « Malice » recula un peu... Une nouvelle forme de mutant? Elle ne pouvais pas le contrôler et celle-ci pouvait lui faire du mal. Elle ne savais pas vraiment ce qu'il fallait faire, elle pensait à s'envoler mais avait peur de faire le moindre mouvement qui pourrais énerver cette bête.

Euh... Bonjour? J'aime beaucoup votre cape rouge...

Cette chose parlait ? Elle n'avait vraiment pas l'air méchante... Bon il fallait tenter quelque chose. Sans bouger, « Malice » retenta un scan de son esprit. Aucune Voix, mais elle semblait spéciale, comme si elle était un être issu d'une Voix, ou d'un quelconque pouvoir... Peut-être allait-elle pouvoir communiquer?
Lançant son esprit dans celui de l'être-végétal, elle essaya de faire comprendre ses pensées.

...B...Bo...Bon. Bonjour?

L'être-végétal sursauta, ce qui fit comprendre à « Malice » que sa télépathie marchait sur celle-ci...

HRP : vraiment désolée pour le GROS retard ! '

Je ne pus qu'assister, impuissante, au combat qui opposait Seith au Désintégrateur. Observant la violente lutte, je criai aussi quelques ordres à mes hommes, afin qu'ils se mettent en place, prêts à intervenir en fonction de l'issue du combat. De même, j'avais envoyé les quelques médecins de mon équipe vers les blessés pour que ceux-ci soient prêts, non sans probablement beaucoup d'appréhension, à attaquer l'ennemi, dans le cas en tout cas où l'Anwilein n'arrivait pas à s'en débarrasser lui-même. Ce qui, à mesure que le combat avançait, semblait le plus probable.

Il n'y avait rien à redire sur la façon de se battre du guerrier aux yeux émeraudes et sa technique était impressionnante, n'en finissant pas de me surprendre, mais son adversaire semblait juste bien au-dessus. Enchaînant des pouvoirs tous plus différents les uns des autres, j'en vins à me demander comment il avait pu en accumuler autant dans les Fontaines sans perdre pour autant toute volonté.

En regardant l'Anwilein se battre, je ne pus m'empêcher de penser à Zakiel, qui lui était parti avant même que l'action ne commence, alors que nous avions pourtant tous les deux passé un pacte. Je me demandais alors si je n'y avais pas gagné au change. Zakiel était sensé être fort mais son ami, ou en tout cas son plus grand fan, l'était tellement lui aussi qu'il me paraissait difficile que l'Anwilein aux yeux d'or soit encore plus puissant. Peut-être avais-je parié sur le mauvais cheval finalement. Peut-être Zakiel était-il déjà en train de mourir dans sa demeure familiale, aux côtés de mon nouveau chien de combat.

Mais pour le coup, tout son talent ne semblait rien pouvoir faire contre son adversaire, et je m'étais résignée à être prête à foncer sur le Désintégrateur avec mes hommes dès la barrière disparue. Et elle finit bien par disparaître, mais avec son créateur. Nous restâmes tous sur place, incompréhensifs devant ce qu'il s'était passé, les armes dégainées mais ne sachant qu'en faire.

Je finis alors par retrouver mes esprits et fis signe à mes hommes de ranger leurs armes, avant de m'approcher du corps de Seith. Une chose était sûre, il n'était pas mort, sans quoi son corps aurait déjà disparu. Mais il n'était pas non plus vraiment vivant. Sa respiration était rapide, ses yeux fermés et il était couvert d'hématomes. J'appelai rapidement un des médecins pour qu'il vienne l'examiner.

« J'vais pas pouvoir le soigner sur place, ça va prendre du temps. »

Je chargeai alors deux Manodiens de porter Seith dans la planque la plus proche du coin. Qui ne s'avéra d'ailleurs pas si proche. Et trimballer un gus en armure à travers des rues bondées de gens pour qui la procession représentait le spectacle le plus intéressant de leur journée n'aidait pas vraiment à la tâche. Je dus me retenir plusieurs fois pour éviter de coller un coup de poing à un abruti qui s'arrêtait en plein milieu pour nous regarder avec de gros yeux qu'il aurait convenu de fermer à renfort de bourre-pifs. Ulysse se contenta de calmer mes nerfs en crachant au visage de tous ceux qui ne nous revenaient pas. C'est pas comme si ils allaient oser se venger.

Arrivant finalement dans un vieux bâtiment vétuste et totalement abandonné, si ce n'est pas la vermine, mes hommes installèrent rapidement l'Anwilein sur la table tandis que le médecin s'occupa immédiatement de lui. Devant mon air interrogateur, il répondit d'un air qui se voulait confiant mais qui était déjà préoccupé par le travail à venir :

« Il va s'en sortir. »

Rassurée, je quittais alors la salle pour un endroit au calme et, me reposant contre un mur, fit un bilan de la dernière chasse. Bilan qui s'avéra fortement décevant. Jamais nous n'avions été aussi proche de coincer le Désintégrateur. Jamais nous ne nous étions rendus aussi compte de l'écart de puissance. Des mois que nous avions passés à le chasser, chaque fois glanant plus d'informations, arrivant même à connaître ses prochaines cibles. Chaque fois nous sentions que nous nous rapprochions du but. Et maintenant, je ne pouvais m'empêcher de me sentir complètement vidée et déprimée. A deux doigts d'abandonner. Deux doigts d'ailleurs qui ne m'empêchèrent que quelques secondes d'en prendre la décision.

Depuis le début, le chasse au Désintégrateur n'avait été qu'un moyen, pas un but. Et il existait bien d'autres moyens d'atteindre ce but. Le Mutant en était un et, même s'il était pour l'instant impossible de savoir où il en était dans sa quête, il me fallait espérer qu'il tue au moins une ou deux personnes de la liste. Mais même sans ça, j'avais déjà d'autres projets.

Forte de cette idée, je quittai alors la pièce pour donner des ordres à mon messager. C'était un Yakon, ce qui facilitait l'ouvrage, dans la fleur de l'âge et toujours un sourire arrogant et dragueur aux lèvres. Je lui avais rapidement appris à le perdre en ma présence. Ce fut une fois de plus encore le cas quand je lui donnai sa mission :

 « Première chose, tu vas aller prévenir toutes les équipes en chasse du Désintégrateur. Qu'elles arrêtent la traque et repasse à toutes les missions de priorité inférieure. Tu leur apporteras à chacune plusieurs bouteilles d'Eau Noire en récompense de leurs efforts. Deuxième chose, et je veux que ça soit fait au plus vite, vas voir Léonor et dis-lui qu'il est temps de former l'alliance. Qu'il organise la réunion aussi vite que possible. Allez bouge-toi ! »

Le messager s'éclipsa alors sans réclamer son dû. Léonor était un autre chef mercenaire dont j'étais devenue assez proche au fil des ans. En tout cas il espérait se rapprocher toujours plus de moi et il aurait été idiot de ne pas en profiter.

Il était maintenant temps de s'occuper de notre Anwilein qui commençait à se réveiller. Le doc avait fait du bon boulot et, lui glissant une bourse de Molidon dans la main, je lui intimais de sortir. Alors, tandis qu'Ulysse alla se percher en haut d'une étagère, à la recherche d'un trésor dont seul lui connaissait la nature, je vins m'assoir à côté de Seith. J'attendis alors qu'il soit pleinement réveillé et lui tendis un verre d'Eau Noire.

 « Te lève pas trop vite. T'es retapé mais encore faible. Sinon... tu m'en voudras pas de rentrer directement dans le sujet mais j'ai plein de choses à faire. Je t'ai observé te battre tout à l'heure. Plutôt impressionnant. Certes le Désintégrateur s'est enfui mais t'as survécu. Longtemps.

Alors voilà, je te propose un deal. Rejoins officiellement mes mercenaires. Tu m'as déjà fait comprendre que c'était pas vraiment ton truc mais je ne te propose pas la place du connard standard. Tu auras tout l'argent que tu veux mais surtout, des combats qui te plairont j'en suis sûr. Je ne te propose pas des attaques à 100 contre 1 sur un petit vieux mais des vrais challenges. Je vais avoir besoin d'un... garde du corps pour mes prochains projets et tu es la personne qu'il me faut. Intéressé ? »

C'est mon cadeau d'anniversaire pour Arthur

Seith était enfin réveillé, il venait de passer les dernières heures à revivre inconsciemment son combat contre le Désintégrateur. Chacun des coups reçus lui faisait encore mal même à travers son rêve, la douleur restera un long moment en lui. Puis la lumière commença à apparaitre et tandis que ses yeux s’ouvraient, une seule pensée le hantait. Il avait perdu. Mais la Manodienne était là, se moquant complètement de la défaite qu’il venait de subir, de la honte qui le hantait. Elle voulait faire de lui son garde du corps. Il ne comprenait pas pourquoi vouloir engager un soldat qui a perdu un combat et pourtant elle était là, admirative de ce qui c’était passé.

« J’ai…perdu… » Sont les seuls mots qu’il exprima. Devant ce malaise, la Manodienne comprit qu’elle devait le laisser seul.
Il essaya de se relever mais la douleur encore fraiche de ses blessures l’en empêchait. Il ne pu que répéter sans cesse qu’il avait perdu en se tordant dans tous les sens.
« Comment faire pour me relever après ça ? » Plus rien ne serait pareil, il devra vivre avec cette sensation ou en finir. Il regarda le plafond un long moment, le regard vide avant de se rendormir.

Un sommeil de nouveau perturbé par les rêves de sa défaite. Au bout de quelques instants, il émergea une nouvelle fois. Cette fois il n’était pas question de se rendormir, il prit sur lui pour se lever et sortir de sa chambre. Il passa devant Héléna et ses hommes mais personne n’osa lui adresser la parole, son visage exprimait clairement un malaise. Il prit ensuite la direction de la sortie du bâtiment. Il remarqua rapidement qu’il ne se trouvait pas proche de la zone de combat. Il se retrouva dans une rue bondée de gens qui le fixaient tous bizarrement. A croire qu’ils l’avaient déjà tous vu auparavant.

« Que faire maintenant. Si tous mes adversaires sont comme lui, que puis-je faire devant une telle force ? Je n’étais qu’un vulgaire pantin tout juste bond à danser devant ce monstre. Pas une seule égratignure, je ne lui ai absolument rien fait. » Aussitôt ses blessures se remirent à le tordre de douleur. Il posa un genou à terre au milieu de la foule et baissa la tête.
Quelqu’un osa s’approcher de lui : « Vous allez bien ? » Il n’eut pour seule réponse qu’un simple marmonnement « Défaite…défaite…défaite…défaite… » . Son interlocuteur insista pour connaître l’état de santé de Seith mais rien n’y faisait, l’Anwilein était plongé dans sa folie. Soudain Seith se releva, leva la tête et hurla de rage au milieu de la rue. Un lourd silence suivit ce cri et tout le monde fixait le guerrier émeraude, attendant ce qui allait suivre.

Observant les gens autour de lui Seith reconnu un des mercenaires d’Héléna, surement là pour le suivre depuis qu’il a quitté le bâtiment. « Décidément, elle ne lâchera jamais l’affaire ». Il s’approcha du mercenaire et sans aucune surprise constata qu’il s’agissait d’un Benzert.

« Dis-moi…le lieu… »

Le Benzert soupira un coup avant de répondre :

« Comme tu veux, suis-moi ».

Ils prirent tout deux la sortie du village avant de se retrouver dans ce jardin. Seith sentait son cœur battre à tout rompre. Il ne savait pas ce qu’il cherchait mais il sentait le besoin de revenir dans ce lieu. Les voilà en vue du fameux champ de bataille, du lieu où l’ Anwilein allait perdre la vie.

« Laisse-moi maintenant »

Le guerrier émeraude s’avança lentement vers ce qui semblait être des crevasses laissées par mineurs s’acharnant sur dame Nature mais il en était rien. Ce résultat était le simple fait de petites boules de lumières d’un monstre invincible.

L’anwilein s’installa au milieu de ce désastre et resta un long moment les yeux fermés. Il devait faire le point sur tout ça. Il ressentait toutes les sensations de son combat. Il fit apparaitre sa Voix dans sa main et la déposa sur ses genoux. Il fallait qu’il devienne plus fort mais comment ? Tout se mélangea une nouvelle fois dans sa tête au point qu’il n’entendit pas le Benzert arriver dans son dos dague en main. Voyant une ombre à côté de la sienne, Seith se releva rapidement et fit tournoyer son trident pour parer le coup, et dans un second temps, point la base de son arme sous la gorge du Benzert.

« Le passé est au passé, profite d’être encore vivant pour continuer ce que tu sais faire de mieux. Ta vie est liée aux combats, continue sur ce chemin et apprend de tes erreurs. Tu as tenu tête à ce monstre, c’est un exploit en soi alors relève toi et attend la prochaine fois où tu l’auras de nouveau face à toi »

L’Anwilein ne savait pas quoi faire, il écouta chacun des mots du Benzert, qui était à deux doigts de mourir, avec une telle concentration qui ne lui ressemblait guère que Seith relâcha la pression de son arme avant de se tourner et de hurler de rage tout en plantant profondément son trident dans le sol.

« Vous les Benzert, on peut dire que votre museau flaire beaucoup de choses mais pas très expert pour frapper quelqu’un dans le dos, quel est ton nom ? »

« Astar »

« Je vais rentrer, je sais que tu dois me suivre mais fais le à distance respectable. Je veux réfléchir encore un peu sur la route »

Ne laissant guère le choix à son nouveau psy, Seith tourna le dos et reprit la direction du village. Il savait quoi faire, il lui fallait juste une seule chose et cette chose quelqu’un pouvait lui offrir. Entrant dans la planque des mercenaires d’Héléna, il se dirigea directement vers celle-ci.

« J’accepte de te suivre mais je ne veux pas servir de larbin comme la plupart de tes hommes. Je choisis moi-même mes combats et surtout je souhaite deux choses. La première je veux pouvoir continuer la chasse au Désintégrateur et la deuxième, je veux rencontrer de nouveau Zakiel, marché conclu ? »