La Cathédrale de Cristal

[ J'pensais pas faire un tel pavé ! ]

L'Anwilein en armure avançait de son pas lourd dans la grande allée qui faisait face à la cathédrale, sa cape glissant sans bruit sur son sillon. Il aimait cet endroit paisible et sublime et venait souvent s'y ressourcer. Malgré les apparences et ce que les gens honnêtes pensaient de lui, il ne pouvait s'empêcher de ne pas rechercher le contact avec les autres êtres vivants, il n'accordait de toute manière sa confiance qu'a très peu d'entre-eux, et aussi blessante que fut sa pensée, encore moins de ceux de sa propre race.

L'endroit était très grand, le jeune homme évoluait dans une longue allée qui menait à la Cathédrale de Cristal, un gigantesque édifice qui tirait son nom de la matière dont il était formé. Le bâtiment reflétait la lumière environnante et la déclinait dans une variété de couleurs infinies, et pour ajouter au spectacle déja magnifique, le vent sifflait une douce mélodie en s'engouffrant dans les recoins de la Cathédrale. La flore sauvage ici était à nulle autre pareille dans l'ensemble de Moëmif. Dans l'ensemble de Moëmif connu du moins.

Le jeune Anwilein entama la montée des quelques marches et pénétra finalement dans la Cathédrale. L'intérieur était encore plus spectaculaire que l'extérieur, les reflets se relançant les uns les autres et donnant une illusion forte de vertige. Personne n'était visible dans la grande salle, et il en fut soulagé: un peu de tranquilité loin des autres lui ferait du bien. S'avançant dans le silence pesant du lieu sacré, ses pas pourtant lestes résonnèrent lourdement sur le sol cristalin. La nef était tellement grande qu'il mis quelques minutes à la parcourir et atteindre finalement l'autel et l'orgue gigantesque qui avait l'air de n'avoir plus servi depuis des années. Une fois arrivé, il s'agenouilla face à l'autel et ferma ses yeux d'or, perdu dans ses pensées.

Il pensa à sa Caste qu'il avait quitté maintenant depuis des années. Que devenait t'elle? Avait-elle entendu parler de lui? C'était fort probable, vu la réputation qu'il s'était fait au sein de Moëmif connu. Il ne pouvait s'empêcher de penser à ses deux frères, et surtout à sa soeur, Azien, qui était si douée dans le maniement de sa Voix, qui devenait des explosifs invisibles qu'elle pouvait placer et manier à son souhait. Elle n'avait pas l'air d'avoir eu une réputation, soit elle oeuvrait dans l'ombre, soit elle était toujours dans la Caste, à servir son père. Leur père. Ce tyran qui n'avait aucune renconnaissance en son propre fils cadet.

« Qu'il aille au Diable... » Pensa amèrement l'Anwilein.

Il avait d'autre chats à fouetter. En ce moment même il essayait d'enquêter et d'arrêter une espèce de psychopate meurtrier qui se fait appeller "le Désintégrateur". Il ne l'aurait pas cherché par lui-même, il y avais bien assez de tarés dans cette Tour pour s'intéresser à un seul qui avait une manière d'opèrer tellement particulière qu'elle faisait la une des rumeurs et des ragots, mais un Yakon -un peu louche d'ailleurs, songea l'Anwilein- l'avais engagé pour ça et pour lui fournir des informations, et tant qu'il pouvais gagner un peu de Molidons, participer à quelques combats et libèrer un peu la Tour des escrocs et autres meurtriers, ça lui allait très bien.

Perdu dans ses pensées et ses souvenirs, il n'avait pas entendu le léger frôlement qu'émit une silhouette en se déplaçant juste dans son dos. Il regretta de ne pas avoir gardé tous ses sens en alerte lorsqu'il sentit la lame d'une dague contre sa gorge.

« C'pas bien malin de s'aventurer tout seul... Retourne-toi, et met tes mains en l'air, paumes ouvertes, que t'invoques pas ta Voix. Plus vite. »

Celui-ci s'éxécuta et plaça ses paumes ouvertes en l'air, bien au delà de la tête de son agresseur en fait. Maintenant qu'il le voyait, l'Anwilein ne put s'empêcher de sourire: il avait face à lui un Benzert qu'il dépassait d'un bon mètre. Le regardant de haut, il ne put s'empêcher de lui demander d'un ton sarcastique en serrant légèrement sa paume droite:

« T'a réussi à atteindre ma gorge? T'as une échelle portative? »

Piqué au vif sous la remarque et ayant remarqué le léger geste, le Benzert se rapprocha de lui et le saisit à l'encolure de son armure pour forcer l'Anwilein à se baisser. Il faisait preuve d'une force impressionante malgré sa taille, mais eut un petit mouvement de surprise vite réprimé lorsqu'il vit les yeux semblables à des perles d'or de sa proie.

« T'avises pas de recommencer ça, garde tes mains bien ouvertes et tes insultes derrière tes lèvres ou je t'égorge ici. » Joignant le geste à la parole il colla la lame du poignard à sa carotide. « J'suis pas un meurtrier, mais faut des Molidons pour vivre... » Passa une seconde d'hésitation sur son visage si étrange « Qu'est ce qui es arrivé à tes yeux? »

De suite, l'Anwilein sût qu'il avait face à lui un amateur. Bien qu'il n'était pas non plus un héros au sein de la Tour, ses yeux d'or avaient joués un grand rôle dans la réputation de mercenaire chasseur-d'escrocs qu'il s'était bâti. Les rumeurs allaient bon train, et même lui était parfois surpris de ce qui se disais dans son dos. Bien qu'il se sentait flatté d'être ainsi connu pour ses idéaux et sa force, il ne pouvais s'empêcher d'en être offusqué: nombre de ses ennemis connaissaient ainsi ses talents, et il préférait les garder cachés pour s'en servir dans des situations délicates, comme à cet instant. C'était précisément ce fait qui fit penser à l'Anwilein qu'il avait face à lui un amateur qui n'avait pas une vie d'escroc bien active dans la Tour: il agressait simplement les personnes qu'il croisait dans l'espoir d'avoir quelques molidons pour survivre.

« Mes yeux? Un don dont tu n'as même pas idée du prix que j'ai du payer... »

Ne laissant pas le temps au Benzert de répliquer, il concentra légèrement son talent caché et ses yeux se mirent à luire un peu plus fortement. Son agresseur était tout prêt de lui, ce qu'il allait provoquer étais parfait dans la situation actuelle, alors il libèra la petite réserve de pouvoir qu'il avait emmagasiné dans sa paume droite, toujours ouverte, sa main se mit alors à luire du même éclat que ses orbites d'or et le Benzert leva ses trois yeux vers celle-ci, tellement surpris qu'il ne comprit pas de suite ce qui se passais.

Soudain, l'aura enveloppant la main de l'Anwilein éclata en une forte lumière qui éclaira une grande partie de la Cathédrale dans un flash aveuglant, les rayons jouant à se réfleter sur chaque cristal ne laissait plus aucune place à l'ombre au sein du bâtiment. Mais cette lumière, sublime vue par son détenteur aux yeux d'or, était une plaie pour son agresseur, qui lacha sa dague et cria de douleur lorsque le flash lumineux frappa sa rétine violemment. Ne perdant pas de temps dans de vaines considérations, le jeune Anwilein se leva d'un bond rapide malgré sa lourde armure, serra le poing droit et invoqua sa Voix sous sa forme physique: une longue et puissante épée.

Pendant quelques secondes, il avait eu envie de décapiter là son agresseur d'un coup rapide et de laisser son corps disparaitre dans une fumée, mais il repensa que celui-ci n'était pas un tueur, mais qu'il était réduit à faire cela pour survivre. Décidant que ce qu'il venait de subir lui servirait de leçon, l'Anwilein frappa de toute ses forces l'arrière du crâne du Benzert avec la garde de son épée. Celui-ci tomba, inconscient et immobile sur le sol cristallin de la Cathédrale. Puis, sans se presser, le jeune homme fit disparaitre son arme, tout en observant si son agresseur respirait toujours, ce qui était le cas. Maudissant intérieurement sa malchance, il fit alors demi-tour calmement et se dirigea vers la sortie de la Cathédrale de son pas alourdi par l'armure qui la protègerais jusqu'à sa mort.

L'Anwilein était connu sous bien des surnoms dans la Tour, mais le prénom que lui avait donné ses parents était simplement Zakiel.

« Tu es si faible Bord, comment un cloporte comme toi espérait-il me vaincre ?? Toi et toute ta misérable famille, vous devriez tous croupir dans la section oméga, votre présence chez les Anwilien est une honte pour nous »
« Non, pitié ne faites pas ça, je vous en pris, je ferai tout ce que vous voudrez, s’il vous plait, je voulais … »
« Silence ! »
« Qu.. Non par pitié, non…NOOO… »

Seith ouvrit les yeux. Découvrant son corps ruisselant de sueur il comprit rapidement que ce n’était qu’un mauvais rêve. Son frère… encore une fois. Assis sur ce qui lui servait de lit, Seith essayait son visage et rassemblait ses idées.

« Une vie pour une vie, je t’ai vengé mon frère » Il se rappela l’immense épée de son adversaire mais à quoi bon maintenant, Seith avait vengé son frère et surtout il faisait honneur à sa famille.

Il décida tant bien que mal à se lever et s’habiller. Après avoir grignoter, il sortit comme à son habitude, parcourant les nombreuses rues du domaine où il vivait, le regard encore alourdit par son rêve. Il regarda de temps à autres ses compères, on distinguait aisément que son combat du mois dernier était toujours présent dans l’esprit des Anwiliens. Au bout d’une demi heure il s’arrêta devant un Anwilien. Ils échangèrent quelques mots et Seith reprît son chemin. Sur sa droite des enfants jouaient, d’un coté les filles qui développaient la souplesse de leur corps et de l’autre des garçons qui se bagarraient entre eux. Un jours qui ressemble à tellement d’autres… ou peut-être pas, se remémorant ce que l’Anwilien lui a raconté, Seith se dirigea vers la Cathédrale.

Prenant à droite, il était maintenant face à la Cathédrale, bien qu’il soit encore éloigné, il pouvait déjà apperçevoir la beauté de cet édifice. Plus il s’en approchait et plus il devenait impatient, ce n’est pas tous les jours que l’on se retrouve ici et encore moins pour chercher l’un des plus célèbre Anwilien. Arriver devant le monument, Seith contempla la structure, les magnifiques vitraux qui parcouraient la longueur de la façade et tous ses cristaux qui aurait put attirer le plus cupides des êtres si ça n’avait été un lieu sacré. Les yeux fixer sur la porte, Seith commença à avancer mais un flash retentit à l’intérieur de la Cathédrale, un flash qui l’aurait rendu aveugle si il s’était trouvé à l’intérieur. Eblouis, il resta quelques minutes sur place pour retrouver la vue, un léger bruit retentit, un de ces bruits que Seith connaissait bien, le bruit qui marque n’importe quel Anwilien, celui d’un coups sur un corps. Désormais sur ses gardes, Seith pénétra dans l’édifice.

Beaucoup de personnes auraient trouver cet endroit merveilleux si il n’y avait pas eu ces deux êtres au milieu de l’immense pièce, l’un était allonger sur le sol, probablement mort pensa Seith, l’autre debout, tenant une longue épée dans la main « Ainsi ç’est lui, Zakiel, l’homme aux yeux d’or ». En effet, en observant l’individu on distingue nettement la couleur de l’or dans ces yeux, son armure luisait aussi de cet éclat. S’avançant l’un vers l’autres, Seith prononçât quelques mots. « Tu as tellement peu d’estimes dans ce qui t’entoure que tu tues aussi dans un lieu sacré ? Toi qui, pourtant, à une réputation noble. »
Ne se quittant pas du regard, chacun oublia qu’au milieu de la salle, un cadavre reposait sur le sol, un cadavre qui ouvrit les yeux et qui sortit une arme à projectiles.

Zakiel s'apprêtait à sortir de la Cathédrale et aller trainer en ville lorsqu'un autre Anwilein entra dans le lieu sacré. Bien qu'un peu plus jeune que Zak, il était plus grand que lui, ses yeux verts émeraudes étincelaient en le fixant. Le nouveau avec un physique plutot reconnaissable, et pourtant, l'Anwilein ne l'avais jamais vu auparavant, mais n'était pas sans savoir les coutumes de sa race, aussi il fit disparaitre sa Voix (lorsqu'un Anwilein tiens son arme face à un autre, cela amène bien souvent un duel).

« Tu as tellement peu d’estimes dans ce qui t’entoure que tu tues aussi dans un lieu sacré ? Toi qui, pourtant, à une réputation noble. »

Zakiel ne comprit pas de suite ce que voulait dire l'autre, et se retourna vers le corps du Benzert inanimé avant de comprendre avec un sourire.

« Il n'est pas mort, je l'ai simplement assommé avec la garde de mon arme. C'est un petit voleur, qui tente plus de survivre que de profiter pleinement de ses crimes. »

Attiré par la curiosité, il ne put s'empêcher de questionner l'autre

« Je suis flatté que tu me connaisse, je suis pas si réputé que ça. Mais... Qui est-tu? Je ne t'ai jamais vu auparavant, tu sors de ta Caste depuis peu? »

Toute son attention était sur l'Anwilein et il ne fit plus attention au Benzert derrière lui qui sortait une arme à feu et visait discrètement Zakiel dans le dos. Ajustant son tir du mieux qu'il put, le voleur visait entre les deux épaules de sa cible.

« Faudrait sortir d'ici avant que l'au... »

Un coup de feu.

La puissance du projectile projeta Zakiel en avant de quelques mètres. Sonné, mais indemne grâce à son épaisse armure un peu cabossé là où le projectile avait frappé, il ne comprit pas de suite ce qui se passait, et ce n'est que lorsque le Benzert se releva et réajusta son tir sur Zak qu'il prit conscience de la situation. Se jetant derrière un des bancs en pierre qui faisaient toute la largeur de la Cathédrale, il fit apparaitre sa Voix et se mit accroupi, attendant l'occasion de sortir de là et d'attaquer son ennemi pas aussi inoffensif qu'il ne l'aurait cru.

Un autre coup de feu résonna dans la Cathédrale, et Zakiel espéra alors que l'autre Anwilein avait eu le temps de se mettre à l'abri...

« Grandiose ! Sublime ! Un chef d'oeuvre ! »

Sans aucune discrétion, Wilhem jubilait. Les bras tendus de chaque côté, l'un tenant un pinceau, l'autre un couteau, une image qui pourrait finalement résumer toute sa vie, il admirait, la mine béate, sa dernière oeuvre. Il sortit un petit mouchoir blanc d'une de ses poches et se l'appliqua délicatement sur son visage, bloqué dans un rictus heureux, comme une statue de pierre. Il essuya ainsi quelques tâches rougeâtres qui, malgré toute ses précautions pour ne pas se salir, s'étaient prises d'affection pour son visage. Agitant son pinceau, tel un chef d'orchestre, dans des mouvements élégants tout en chantonnant et en exécutant une sorte de petite danse, il envoya finalement un dernier trait de peinture verte sur sa création. Se grattant alors machinalement la moustache, il observa avec intérêt l'œuvre finale.

S'en rapprochant lentement, il laissa alors glisser délicatement son couteau le long du corps sanguinolent accroché au mur de cristal de la petite chapelle dans laquelle il se trouvait. Ce qui était autrefois une magnifique Yakonne dans la fleur de l'âge n'était aujourd'hui rien de plus qu'un pantin désarticulé, plantée en croix dans le cristal par de grands clous d'argent, et dont le pourpre liquide corporel ruisselait lentement sur le sol froid. Paralysée par une injection d'un produit que le tueur utilisait couramment, elle était pourtant toujours vivante... ou en tout cas pas encore morte. De longues entailles récentes courraient le long de ses jambes et on pouvait voir que leur intérieur avait été peinturé de vives couleurs vertes et bleues. Sur chacune de ses cuisses, la peau avait été soigneusement découpée afin de laisser paraître la chair sous-jacente sur laquelle courraient des motifs jaunâtres. Sa lame atteignit alors le torse, dont les seins avaient été soigneusement arrachés, où peinture et sang se croisaient dans le plus beau des mélanges. Là, le regard bloqué au milieu des cicatrices rougeoyantes, Wil sembla hésiter. Il recula, croisa les bras et observa avec contrariété la nature presque morte. Il poussa alors un long râle désespéré et jeta avec violence son pinceau à terre.

« Non non non ! C'est pas ça ! Pas encore ça ! Tu n'est pas complète ! Raaaaaah ! »

Il tomba alors à genoux et, prenant sa tête dans ses mains se mit à sangloter, tandis que derrière lui, telle de l'eau qui s'évaporerait, apparue Elisa. Son visage aux larmes de sang avait comme un doux sourire, comme une mère qui rassurerait son enfant revenu en sueur d'un terrifiant cauchemar.

« Elisa, mon Aphrodite, montre-moi ! »

Alors sa Voix pointa un doigt vers la sculpture macabre et Wilhem, n'ayant pas besoin de plus pour voir ce qui manquait, se dirigea à nouveau, impatient, vers l'œuvre inachevée. Se dressant sur la pointe des pieds, il a approcha son visage de celui de la malheureuse victime et lui déposa un baiser sur les lèvres avant de lui susurrer quelques mots :

« Ne t'inquiète pas, on se reverra un jour mon aimée. »

Et, lui saisissant fermement le visage d'une main, il sectionna d'un geste sec la carotide de son éphémère dulcinée, produisant un geyser de sang qu'il esquiva d'un petit pas sur le côté. Et bientôt, son œuvre disparut sans ne laisser d'autres traces que le sang qui tapissait maintenant allègrement le sol. La Voix de Wilhem disparut alors elle aussi, non sans lui faire savoir sa satisfaction.

« Ce fut magnifique ! »

« Grace à moi, elle a atteint sa plus grande beauté. »

Finalement il essuya avec minutie son couteau dans un mouchoir blanc qu'il jeta à terre, avant de ranger la lame à l'intérieur de son costume et de se diriger vers l'unique porte de la salle, d'un pas assuré. A sa sortie, il atterrit dans une petite cour élégamment fleurie où il s'arrêta un moment pour contempler ce qui l'entourait. Il avait toujours aimé la beauté imposante de la cathédrale de cristal, admirer son reflet dans le cristal coloré, écouter les douces mélodies du vent ou même parfois aller dévorer du regard la nature sauvage du Jardin. Mais là, plus que les murmures musicaux du vent, ce fut une détonation qui attira son attention. Il n'était pas vraiment du genre à se mêler de ce qui ne le regardait pas et il évitait autant que possible le danger, même s'il sentait personnellement invincible, mais sa curiosité fut plus forte que tout. Aussi il déplia ses ailes, les gardant un moment grande ouverte, comme si il y avait des gens pour le regarder, s'admirant dans un élan de narcissisme. Après quoi il s'envola finalement.

Le coup de feu venait de la nef principale et il se dirigea à tir d'aile, mais toujours avec élégance, vers le bâtiment. Arrivé devant l'imposant édifice de cristal, il se posa discrètement dans une des nombreuses ouvertures supérieures et contempla la scène qui se déroulait avec intérêt. Deux Anwileins, apparemment en rivalité, comme tous les représentants de cette race belliqueuse d'ailleurs, ainsi qu'un Benzert. Bah... un bourre-pif rien de plus. Pourtant, autant Wil détestait l'orgueil non-feint des Anwileins, lui qui était un modèle d'humilité, ainsi que leur côté envahissant, autant il les admirait pour leurs magnifiques combats où chaque coup semblait provenir d'une chorégraphie minutieusement orchestrée. Mais là par contre... ben c'était pas super pour le spectateur. De qui se moquait-on ?

« Voyons, on ne peut pas laisser ça comme ça Wil ! »

Il fallait qu'il intervienne, pour le compte de la Beauté ! Aussi s'envola-t-il discrètement vers l'orgue qui siégeait triomphalement au bout de la nef et s'asseya avec délicatesse sur le siège de l'orgue. Faisant craquer bruyamment ses doigts, il prit une longue inspiration et commença à en jouer bruyamment, entrainé dans une transe artistique.

« Dansez ! Battez-vous ! Saignez-vous ! Offrez-nous du spectacle que diable ! »

Un autre coup de feu résonna, décidément ce Benzert a beaucoup de munitions. Caché derrière une des colonnes qui longeaient l’allée centrale de la Cathédrale, Seith entendait les nombreux coups de feu, un finit sa course sur la porte d’entrée, un autre sur un banc à 10 mètres de Seith : « Décidément le flash de tout à l’heure lui a bien anéantit les rétines ou alors c’est un bien mauvais tireur… » Attendant quelques minutes et espérant que les tirs cessent enfin, l’Anwilein se demandait si Zakiel était toujours en vie « la balle qu’il a pris dans le dos l’a sûrement tué. » Conclut-il.

« Je te tuerai Zakiel, la récompense est à moi !! » le Benzert se tenait debout mais l’on voyait que ce geste lui demandait beaucoup de force, ses jambes tremblotaient, seule son envie d’abattre Zakiel lui permettait de rester ainsi.

Un bruit sourd retentit sur le coté gauche de Seith, mettant sa tête à découvert il remarqua que Zakiel était en vie, accroupit derrière un banc, son regard manifestait l’impatience d’agir sur son ennemi. Voulant attirer l’attention de celui-ci, Seith donna un léger coup de pied sur la colonne à laquelle il était adossé, un léger son émergea mais n’eut pas l’effet espérer. Il recommença un peu plus violemment, pareil, un peu plus fort… toujours pareil. Un peu énervé par les coups de feu qui retentissaient, il s’exclama : « OH ZAKIEL, TOUT VA BIEN ?! ». On ne serait dire si l’Anwilien était satisfait de voir Seith ou s'il était dépité de cette manifestation. Quoi qu’il en soit il agita les doigts pour indiquer à Seith de se taire puis tout en continuant ses gestes il désigna un banc se trouvant à quelques mètres de Seith. « Très bien je m’y rend ! » fut la réponse qui fit plisser le regard de Zakiel. Les coups de feu se faisaient plus proches, les manifestations de Seith avaient attiré le Benzert à concentrer ses tirs dans cette zone.

Placé derrière le banc que Zakiel lui avait désigné, Seith commençait à avoir les oreilles qui sifflaient, son avancé l’avait ammené a moins de dix mètres du tireur. Relevant la tête, il ne trouva plus Zakiel à la place où il était. Un vacarme immense s’étendait à l’arrière de la Cathédrale mais ne ressemblait pas à des sons d'une armes quelconque: « De la musique ? Qui peut être assez fou pour jouer en ce moment ? Zakiel ? » Relevant la tête Seith remarqua que Zakiel se tenait à l’opposé et lui désigna le Benzert du doigt. Comprenant rapidement ce que cela impliquait, Seith lâcha son intention de la musique et invoqua sa voix, un sourire apparut à ses lèvres, cela faisait bien quelques jours qu’il ne l’avait pas appelée. Son arme luisait d’un métal parfaitement bien aiguisé. Voyant le Benzert de dos, Seith avança et arriver à deux mètres du tireur, celui-ci se retourna. Ses yeux étaient devenus complètement blancs, sa respiration était très rapide, il pointa son arme en face de lui et tira.

Surpris par le geste Seith était resté sur place, la balle lui fit siffler l’oreille, et encore surpris, n’avait pas réalisé que du torse du tireur était apparue une lame, une épée à première vue.
La lame disparut et le corps du Benzert tomba au sol. Seith se dirigea vers Zakiel pour le féliciter mais il commença à hurler de fureur, soi disant que Seith avait faillit les tuer tout les deux à plusieurs reprises. Seith braqua son arme en direction de Zakiel et il comprit rapidement ce que cela impliquait...

Voilà un premier échange de lames qui fit frémir les entrailles de Seith, la pitoyable mort du Benzert le laissa complètement indifférent. Maintenant il faut faire ses preuves.

« Du calme du calme Seith, on dirait un gamin qui touche pour la première fois une lame, ce n’est que Zakiel, il est juste l’adversaire le plus fort que tu es à affronter, bouarf de la rigolade en soi … et puis … rhhaaa ce Yakon, il pourrait arrêté de jouer de la musique ! »

Son regard se redirigea vers Zakiel, visiblement très concentrer et assez droit pour ne pas attaquer quelqu’un lorsqu’il regarde dans une autre direction. A l’arrière on entendait encore le léger clapotement du sang du benzert s’écoulant sur chacune des marches de l’autel, la musique du Yakon rajoutant un soupçon d’héroïsme à cette scène. Les adversaires étaient figé là, à s’observé, fermement décidé a rester sur la défensive. Quelque chose vient interrompre cette scène, d’un coup un lourd silence s’était établit, le Yakon avait stoppé la musique et de là tout s’enchaîna, les deux adversaires s’élancèrent l’un vers l’autre.

Le début du combat fut difficile pour Seith qui n’a pas l’habitude de combattre un adversaire possédant deux armes, bloqué une des épées était simple mais la deuxième se frayait un chemin beaucoup plus facile blessant Seith au bras droit, une blessure insignifiante par sa forme mais qui inquiétait tout de même Seith qui n’est pas du genre a se faire blesser facilement.

A l’extérieure, quelques passants étaient resté fixés devant l’édifice, se demandant d’où pouvait provenir tous ces chocs métalliques. Des enfants en quête de nouveaux jeux s’aventuraient jusqu'à la porte de la Cathédrale pour lancer un grand plan d’espionnage sur les activités bruyante de celle-ci. En ouvrant cette porte, le spectacle se présentant à leurs yeux en fit fuir quelques uns, les plus courageux continuant à regarder ceux qui seront plus tard leurs idoles. L’un d’eux regardait attentivement Zakiel : « Plus tard je serai aussi fort que lui, je suis sur qu’il va gagné, il n’est même pas blessé que l’autre saigne déjà ahahah !! ». « Mais tais-toi donc, tu vas nous faire prendre !! » Fut la seule réponse qu’il reçu avec un coup de poing sur le crâne.

Assis près de l’orgue, le Yakon avait l’air d’extrêmement apprécié le spectacle qui se présentait juste sous yeux. Ils ne tenaient plus sur place, applaudissant, crissant les dents à chaque choc entre les armes mais n’hésitant pas à prendre un peu de recul à tout ceci.

Pour nos combattant, le combat était rude, chacun ayant analyser les techniques de l’autre, seule la symphonie des lames animait ce début de combat qui de toute évidence ne durerai pas aussi longtemps qu’il n’y paraissait.

Chaque coup d'épée, chaque esquive et parade de la Voix de son adversaire procurait un long frisson de plaisir dans l'échine de Zakiel. Le combat, voila pourquoi il était né, et il excellait dans son domaine. Quel bonheur de savoir dans quel but votre vie était faite! Esquivant une attaque perçante de son adversaire par un rapide saut sur la gauche, l'Anwilein aux yeux d'or émit un petit rire de satisfaction et plongea sa longue épée sur le flanc de son congénère, qui releva la garde son trident et para le coup aisément. Scindant sa Voix en deux, Zakiel essaya de nouveau de passer cette garde mais l'effet de surprise n'était plus de mise et Seith' esquiva le coup d'un bond en arrière, puis, profitant de l'attaque de Zak, bondit en avant et réussit à le toucher au niveau de la jambe à l'aide des pointes de son large trident.

L'armure lourde de l'Anwilein encaissa la majeure partie du coup, mais il fut néanmoins déstabilisé quelques secondes, qui suffirent à l'autre pour faire un demi-tour et pointer le pique situé au bout de son trident juste sous la gorge de Zak'.

Les enfants qui avaient assez de courage pour regarder le combat retinrent leur souffle dans l'attente de la mise à mort de l'un, où de la fin du combat, qui semblait maintenant s'achever.

Seith avait l'air satisfait de lui-même et il souriait à son adversaire comme s'il venait de faire le plus beau combat de sa vie, et à vrai dire, Zakiel n'eut jamais autant de mal à se battre contre une autre personne, ce duel était certainement le plus difficile qu'il ai eu à faire, même en comparaison avec celui contre son père, il y a quelques années. Seith avait l'air d'attendre la réédition de l'Anwilein aux yeux d'or, la mort n'était donc pas la finalité de ce duel se dit-il, à la fois soulagé et déçu (car tout Anwilein qui se respecte rêve de mourir lors d'un somptueux duel).

Et pourtant, ce duel n'allait pas finir de cette manière. Malgré le fait qu'il aimait beaucoup le style de combat très spécial de Seith, l'ayant mal jugé à première vue, Zak à beaucoup de mal à accepter la défaite.

Re-scindant sa Voix en une seule longue épée, Zakiel la tint de la main droite et la laissa retomber le long de son flanc, l'air vaincu, puis, il leva rapidement sa main gauche, paume ouverte et fit le même tour qu'au Benzert et fit apparaitre une violente lueur de lumière qui alla frapper l'autre Anwilein aux yeux.

Profitant de ce subterfuge, Zak s'éloigna du dangereux pique et se remit en position de combat. Il attendit néanmoins que l'autre récupère sa vision, Seith avait été loyal et droit, l'Anwilein aux yeux d'or n'avait pas de raison de ne pas l'être avec lui aussi.

Faisant disparaitre sa Voix, Zakiel se dirigea en souriant vers son congénère et lui tendit la main:

« Il est rare de trouver un adversaire de ta qualité. Je te remercie pour ce magnifique duel, et à charge de revanche, jamais personne n'a été si près de me tuer. Comment t'appelles-tu ? »

Ce que c'était Beau ! L'entrechoquement des lames, les petites étincelles qui en étaient produites aux couleurs multiples mêlées au sang et à la sueur, comme la plus belle des peintures. Tout cela dans l'environnement magnifique de la Cathédrale, où chaque rayon de lumière reflété par les armures des combattants allait se perdre en de multiples réflexions colorées sur les murs de cristal, comme si l'on avait découpé un arc-en-ciel. Ajoutons à cela les bruits des pas et des coups, résonnant dans toute la nef avec le son le plus pur et le tableau est fantastique. Et ces deux combattants, dont les corps se cotoyaient mais ne se touchaient pas, s'attirant et se repoussant sans cesse, comme la danse violente de deux amants interdits, ne faisaient que renforcer la splendeur de la scène. Wil en aurait bien fait immédiatement une toile s'il avait eu du matériel à disposition mais il était de toute façon trop concentré sur le combat, voulant n'en louper aucune miette, les larmes aux yeux et la bave aux lèvres. Il en avait même arrêté de jouer.

Mais ce qu'il attendait avec impatience c'était le moment du coup final, quand finalement l'un des duellistes terminerait sa vie dans une gerbe de sang sous le regard humiliant du vainqueur, c'était sans doute finalement ça le plus beau. Wilhem adorait ce moment éphémère où l'on pouvait lire dans les yeux du futur mort un espèce d'étonnement de voir sa vie arriver à terme si rapidement ainsi qu'une grande tristesse. C'est ce qui faisait d'ailleurs qu'il choisissait toujours ses victimes parmi des personnes heureuses ou, tout du moins, qui tenaient à la vie. La mort en combat d'un guerrier était pour ça le meilleur des spectacles. Toute cette férocité et cette détermination détruites en instant par un coup fatal... magnifique ! Le Yakon se passa la langue sur ses lèvres, après quoi, sortant de son espèce de transe de bonheur où il paraissait tel un zombi, mais un zombi classe s'il vous plait, trouvant que ça manquait de musique, se remit à jouer de plus belle. Il laissa courir ses doigts sur les claviers du gigantesque instrument selon une oeuvre de sa composition, puissante et épique, qu'il trouvât en parfaite adéquation avec la situation.

Il était totalement absorbé dans sa musique et n'en regardait même plus le combat. Entendre le fracas des lames lui suffisait, le laissant guider le tempo de sa musique, improvisant au fûr et à mesure. Puis vint un moment où il se retourna brusquement et un jeta un regard intéressé aux deux combattants. Les bruits du combat avaient cessé et la musique du Yakon par la même occasion, le moment le plus intéressant, le plus beau, l'extase suprême pour Wil, était arrivé : la mise à mort. Bizarrement c'était le type aux yeux fluorescents qu'allait passer à trépas. A cause de cette marque physique particulière, Wilhem devinait qu'il s'agissât de Zakiel, dont il avait rapidement entendu parler, même s'il n'accordait que peu d'importance aux raggots. Après tout, pas si étonnant que ce soit lui qui perde, vu sa réputation, ça devait le genre de type à se forger une réputation à coups de bobards plutôt que de bourre pifs. Un vantard de moins dans la Tour ça serait pas un mal. Laissons la célébrité aux gens qui le méritent vraiment, comme Wilhem. En tout cas lui il en avait plus pour longtemps ! Encore quelques secondes et sa gorge serait traversée par un métal froid ! Encore quelques secondes et son armure si terne se gorgerait de nouvelles teintes rouges des plus magnifiques ! Encore quelques secondes et... et... Allez quoi ! Wilhem ne tenait plus sur place. Pourquoi ne l'achevait-il pas ? Etait-il un rustre à ce point ? Détestait-il l'art ? Tout le corps du Yakon bouillait, si bien qu'il ne put à un moment plus retenir ses pensées.

« Mais allez quoi ! »

Elisa était à peu près dans le même état que lui, carrément impatiente. Puis il y eut cette forte lumière, qui laissa Wilhem aveugle pendant quelques secondes, tandis qu'il se frottait douloureusement les yeux. Quand il put finalement y voir à nouveaux, les combattants se faisaient de nouveau face, comme si l'affrontement allait se répêter, ce qui ne déplaisait pas à Wilhem, qui espérait cette fois une fin plus panachée.

Et puis non, les Voix se dématérialisèrent, les armes étaient rangées et avec elles toute l'agressivité qui avait pu régner auparavant. L'artiste était sous le choc, toute cette attente pour en arriver là. Il en avait presque les larmes aux yeux. Mais l'heure n'était pas aux sentiments, il fallait agir et c'est sa Voix qui le lui rappella.

« Regarde ! Tu vas pas laisser faire ça ? Bouge toi ! »

Et en effet la situation était grave. Une simple main tendue qui pouvait réduire à néant toute possibilité de voir un jour ce combat se terminer dans le sang ! Il fallait empêcher ça et Wilhem, qui n'était pourtant pas d'un naturel excité à part quand ça touchait de près ou de loin à l'Art, bondit de son siège, faisant les premiers mètres en planant puis les derniers qui le séparait de la poignée de main fatale en courant. Une fois à proximité il saisit la main de Zakiel dans les deux siennes et la serra avec vigueur tout en complimentant, totalement hypocritement puisque dans le vocabulaire du Yakon, les compliments n'existaient qu'à son égard :

« Félicitations noble combattant ! Vous faites honneur à votre réputation ! »

Puis, se retournant vers l'autre combattant en lui serrant aussi les mains :

« Et à vous aussi jeune homme tenir face à Zakiel et le VAINCRE n'est pas donné à tout le monde. Enfin on ne peut pas vraiment dire puisqu'il aurait fallu aller jusqu'au bout... Une prochaine fois peut-être ? »

Le pire avait été évité en tout cas, même si Wilhem avait dû remettre en cause son habituelle distance envers les gens, surtout quand ils sentaient aussi mauvais. Mais qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour l'Art et la Beauté ?

« Vous avez pas soif ? On va se boire quelquechose ? »

[Petit post, mais c'est histoire de relancer le RP]

Zakiel observa le Yakon qui s'était interposé entre les combattants d'un oeil intrigué. Celui-ci se comportait de façon étrange et totalement fausse, la plupart des entitées de cette race n'agissait pas de la sorte et n'étaient pas aussi... Sympathiques?

Cependant, l'Anwilein aux yeux d'or n'afficha pas son scepticisme et lui répondit le plus aimablement possible:

"Et bien, pourquoi pas. Vous pouvez peut-être nous offrir la boisson, comme on vous a offert le spectacle!"

Ponctuant cette phrase d'un rire, le petit groupe se mit en marche et remonta la nef de la Cathédrale afin d'en sortir. Zakiel s'approcha de l'autre Anwilein et lui donna une tape sur l'épaule en lui murmurant:

"Si je dois mourir un jour, j'aimerais que ce soit au cours d'un duel contre toi. Je te félicite pour ta droiture et tes techniques de combats irréprochables."

Finalement, les portes de la Cathédrale libérèrent une bien étrange escorte ce jour là, alors qu'une petite foule de badauds c'était approchée pour savoir d'où venaient les bruits des armes s'entrechoquant.

Quelle niaiserie ! Ces deux types venaient de s'affronter dans un combat à mort et maintenant ils marchaient côte à côte comme deux amis de longue date. Oubliée la haine, la fureur et l'adrénaline, juste le sourire béat et idiot de ceux qui viennent de vivre un moment intense et qui n'ont pas encore rejoint la réalité. C'était à en vomir ! Un peu plus et Wilhem les voyait se prendre la main et sautiller à cloche-pied à travers un champ de fleurs. Mais Wil était, malgré les apparences quelqu'un d'optimiste, et il ne se laissa pas aller à un moment de déprime malvenu. Il trouverait un moyen de mener à terme ce combat, qui était devenu le sien tout autant que le leur ! Oui un jour il les verra baigner se planter mutuellement, libérant des gerbes de sang de part et d'autre comme de magnifiques fontaines pourpres avant de finalement s'écrouler dans le lac de leur liquide corporel, brefs amants réunis pour l'éternité. Alors il immortaliserait la scène d'une toile qui serait son chef d'œuvre, un pas de plus vers l'accomplissement sanglant d'une vie dédiée à la Beauté et à l'Art. Il sentit Elisa vibrer tout autant que lui à cette vision lyrique et le Yakon se sentit défaillir quand il imagina la scène. Mais ils n'en étaient pas encore là pour le moment et il restait du chemin à parcourir avant que sa toile morbide ne prenne forme. Alors, ne laissant rien paraître de ses sombres pensées, il passa la main dans ses cheveux agités par les vents qui parcouraient l'intérieur de la Cathédrale, la baignant d'une douce musique et, avec toute la classe dont il était capable, déplia ses ailes pour les libérer d'une couche de poussière imaginaire avant de pousser un soupir de contentement. Il se sentait tellement beau.

Alors il invita ses nouveaux compagnons à le suivre tandis qu'il quittait la Cathédrale et se dirigeait vers l'escalier menant à Primo. Parfois il lui sembla que les deux Anwileins lui parlaient, ou peut-être un seul des deux, mais il était perdu dans ses pensées, imaginant déjà à quoi ressemblerait son tableau. Prendrait-il le risque de dénaturer toute la beauté de la scène en la contraignant à un support aussi pauvre qu'une toile ? Où devrait se dérouler la scène pour que le moment soit le plus beau ? Dans la Cathédrale ? C'était une possibilité, il faudrait qu'il y réfléchisse en temps voulu. Il lui fallait aussi pour peindre les plus belles couleurs et il s'attachait d'ordre général à collecter les plus beaux échantillons qu'il pouvait trouver à travers la Tour. Ca faisait parti de sa recherche de la Beauté suprême et il ne s'autorisait pas à se reposer tant qu'il n'aurait pas trouver les couleurs les plus parfaites. Il s'était d'ailleurs constitué un petit stock qu'il transportait toujours dans une sacoche où se cotoyaient aussi pinceaux, crayons, quelques morceaux de papier et parfois un morceau de chair dont la beauté l'avait séduit.

Donc il marchait au devant de ses éphémères amis quand lui vint une vision fugace. C'était Elisa qui lui la prodiguait, lui indiquant aussi de se diriger derrière un des bâtiments voisins. Il s'excusa alors rapidement auprès de Seith et Zakiel :

« Vous savez ce que c'est, on ne fait pas attendre la nature ! »

Après coup, il se dit que c'était peut-être une excuse stupide mais il était trop excité que pour réfléchir à quelque chose de plus profond qui, de toute façon en présente de personnes aussi peu intelligentes, n'aurait fait aucune différence. D'un pas à la fois excité mais dans lequel il essayait de garder une certaine contenance ce qui donnait, il faut l'avouer, un résultat fort étrange, entre le sautillement, la course et la chute, il se dirigea alors vers le lieu que lui avait indiqué Elisa. Là, dans le petit espacement sombre que formait deux bâtiments il trouva une jeune Benzert en pleurs qui, quand elle l'aperçut, bien que tout d'abord surprise, trouva dans sa présence un espoir providentiel. Wil, lui, comprit pourquoi sa Voix l'avait guidé ici. Alors, tandis qu'il se dirigeait vers elle, sortant avec délectation son couteau, celle-ci lui expliqua sa requête :

« S'il vous plait est-ce que vous pourriez m'aider ? Voilà je s... »

Ou en tout cas elle essaya puisqu'avant qu'elle ne pût finir, le Yakon lui enfonça le couteau dans le ventre. Puis, tandis que sa victime étant en train de se faire à l'idée qu'un couteau faisait maintenant partie de sa silhouette, il lui saisit la tête et la frappa violemment contre un mur afin de l'assommer. Alors, tandis que son corps chutait sur le sol, Wilhem retira son couteau et appliqua un mouchoir sur la plaie. Le tissus blanc ne tarda pas à voir en son centre grandir une tache pourpre comme la propagation d'une sordide épidémie. Il s'assit alors à califourchon sur le corps de la malheureuse et, enlevant le mouchoir, le porta devant son visage pour inspection. Apparemment mécontent, il observa une mine de dégoût et jeta le mouchoir. Enfonçant à nouveau son couteau dans l'ouverture béante, il l'agrandit cette fois et, après avoir pris soin de retirer ses gants, y plongea sa main.Lorsqu'il ressortit le membre rougit du sang de sa victime ses yeux se mirent à pétiller et il jeta un coup d'oeil à Elisa qui, vaporeuse comme un spectre, s'était matérialisée derrière lui. Elle lui dit juste :

« Parfait »

Alors il sourit du sourire pur et innocent d'un nouveau né et, sortant de sa sacoche un flacon qui contenait déjà un liquide rougeâtre, y fit couler quelques gouttes du sang qui lui remplissait les mains. Le nouveau sang se mélangea aux autres comme si la malheureuse victime était maintenant sœur avec toutes les autres personnes ayant fait « don » de leur sang au Yakon. Ce dernier contemplait avec envie le liquide et rayonnait de cette découverte. Puis il jeta un coup d'oeil à la jeune Benzert. Elle n'était pas encore tout à fait morte mais ça ne saurait tarder. Pour ne pas l'envoyer au jardin dans cet état déplorable, Wil crut bon de lui faire des cicatrices artistiques au couteau sur son visage, le garnissant maintenant d'une multitude de courbes dont seul le Yakon pouvait saisir la signification. Il la laissa alors à sa lente agonie et retourna vers ses deux comparses qui l'attendaient, non sans avoir auparavant pris soin de bien essuyer son couteau et ses mains et de remettre ses gants.

« Je ne vous ai pas trop fait attendre j'espère? »

Puis ils s'engagèrent à ses côtés tandis que Wilhem tenta de faire la conversation, plus dans l'optique de pouvoir assouvir son orgueil débordant en se vantant un peu :

« Donc en fait l'entièreté de vos activités se limite au combat ? Parce que voyez-vous moi je serais plutôt tourné vers la dimension sensorielle et artistique des choses plutôt que le côté physique. Oui je suis un artiste errant, allant là où me porte l'Art, toujours plus à la recherche du Beau et... »

Puis, pour le malheur de ses compagnons, tandis qu'ils devaient déjà endurer l'effort de descendre les escaliers, il les obligea à supporter un long monologue.

« Et c’est ainsi que ce petit groupe de jeunes gens, parcourent les étages de notre Tour pour voler aux riches et donner aux pauvres. Nul ne sait ce qui peut les arrêter mais pour l’heure cette histoire est finie, avez-vous des questions ? »
« Enfin le moment que je préfère » se dit-elle avec excitation. Un petit doigt timide fait son apparition au dessus des nombreuses petites têtes venues aujourd’hui :

« Dis Osyra, elle est fausse ton histoire ? Un tel groupe ne peut pas exister ! »

« Encore et toujours cette question mais je n’en peux plus !!! » Elle garda néanmoins son calme pour pouvoir rapidement y répondre et passer aux questions suivante : « Ce qui fait une belle histoire, ce n’est pas forcément qu’elle soit vraie. Si tu veux attirer l’attention d’un public tu te dois d’embellir ton récit, d’y mettre des détails imprévus. Dans celle-ci, je suppose que tout le monde se doutait qu’elle finirait bien pourtant personne ne s’est douté une seconde que l’épouse de Sir Zakiel allait mourir. » Elle reprit un peu son souffle et enchaina : « Vois-tu pour la plupart des histoires tout est dans la façon de la conter. Si tu racontes ça comme si tu lisais un livre, ça ne servirait pas à grand-chose. Il faut…comment dire ? Ah oui, il faut un timbre de voix qui soit accrocheur pour l’interlocuteur. J’ai cette chance de pouvoir attirer et surtout garder l’attention de mes auditeurs, enfin presque tous » en jetant un rapide coup d’œil au jeune Manodien endormit au premier rang « Pour répondre à ta question, il y a du vrai et du faux mais le plus important est de savoir si cette histoire vous a intéressés »

Un « OWIIIIIII » général fut sa réponse. Osyra resta quelques minutes assise, à regarder un à un les enfants, espérant que cette fois-ci serait différente des autres fois et finalement rien n’y fit. Un long silence avait prit sa place, enfin c’est ce qu’elle pensait, elle n’entendait pas le chahut que les enfants avaient entamé pendant sa réflexion.

« Et bien, je vais vous laissez maintenant. Je reviendrai demain vous racontez une nouvelle histoire, qui j’espère, n’endormira pas certains ». Elle avait en horreur ces jeunes qui osaient s’endormir pendant l’une de ses prestations. Elle le percevait comme un manque de savoir vivre et de politesse envers une personne, si belle soit elle.

Elle prit tranquillement son envol et dépassa rapidement la hauteur de la plupart des « maisons » de cet étage à l’exception d’une, cette fameuse Cathédrale. Bâtiment forçant l’admiration de tout artiste. Toute cette architecture de cristal la faisait rêver, il n’y avait pas un seul default à cette construction a part peut être ce groupe de personne devant l’entrée « Groupe de personne ?! ». Il n’était pas rare d’avoir des visites mais obtenir un tel regroupement juste devant une entrée, il devait se passer quelque chose. Piquant vers le sol, Osyra se posa au milieu de la foule qui, à sa grande surprise, était composée uniquement d’enfants. Elle essaya d’en questionner quelques uns mais tous étaient figés sur ce qui se passait à l’intérieur. « Comment osent-ils m’ignorer ? Je vais vous apprendre moi ! » Elle s’imposa tant bien que mal au premier rang mais recevant nombres de bousculades, elle préféra battre des ailes et se poser dans un coin tranquille en hauteur.
Enfin installée, elle avait enfin le loisir de pouvoir voir ce qui se passe. Son regard traversa l’immense salle et s’arrêta en premier sur l’orgue qui s’imposait au reste de part son imposante carrure et aussi du fait qu’il soit mis en valeur sur un trône. Cet instrument fit frémir Osyra, en d’autres occasions, elle se serait jetée sur l’instrument pour en gouter chaque note mais visiblement quelqu’un l’avait prit de vitesse, un Yakon en plus. Elle le détesta tout de suite, non pas parce qu’il jouait mieux qu’elle mais parce qu’il n’avait aucun rythme dans sa symphonie. Il se contentait de frapper le clavier tout en poussant des gémissements de plaisir, qui allaient de concert avec le combat de deux Anwiliens.

Elle ne fut pas surprise de voir ce genre de combat, ils étaient très réputés et souvent source de beauté pour les Yakons. Cependant elle reçut un choc quand elle déshabilla du regard chacun des combattants, encore le premier lui était parfaitement inconnu, par contre le deuxième, il n’y avait aucun doute, il s’agissait bien de Zakiel. Son regard doré en était la description parfaite, tout était réunit pour pouvoir faire de cette journée, une journée exceptionnelle, même le cadavre était beau dans ce décors. « Un cadavre ? » son regard s’immobilisa sur celui-ci mais il n’y avait pas grand-chose à en tirer. Un misérable Benzert, rien de plus, rien de moins.

Son regard revint sur les combattants et l’hypnotisa si bien qu’elle en oublia la musique horrible résonnait dans chaque recoin de la salle. Une seule chose arriva à lâcher son attention, c’était tout simplement la fin du combat. Les deux combattants avaient rangés leurs armes et c’est limite s’il ne s’enlaçait pas aussitôt ce qui lui mit la puce à l’oreille, sachant parfaitement que Zakiel était réputé pour être un solitaire. Ils repartirent tous les deux, ah non tous les trois, laissant un spectacle macabre pour les jeunes mais qui ne dérangeait pas vraiment Osyra car de toute manière elle était figée sur l’orgue qui était enfin disponible. Ni une ni deux, elle s’empressa de le rejoindre. Faisant craquer un à un ses doigts, sa Muse apparut dans son dos laissant une nouvelle fois son visage remplit d’un désir charnel d’envouter une assistance, bien que lointaine. Osyra commença son morceau durant lequel de nombreux spectateurs avaient osés prendre place autour de l’orgue. Elle reconnut parmi eux le visage du Yakon qui jouait si mal quelques temps avant elle ce qui l’entraina à prendre bien soin de caresser chacune des notes et rendre sa composition, la plus parfaite possible. Chaque son résonnait dans chacune des voutes et chacune d’entres le renvoyait avec d’autant plus de beauté.

Mais toute bonne chose à une fin, il ne restait plus que l’écho lointain de sa musique qui continuait à faire vibrer chacun des cristaux de l’édifice. L’assemblée se leva et entreprit de nombreux applaudissement et voyant la Yakonne descendre de son trône, ils comprirent qu’il n’y aurait pas d’autres morceau et ils décidèrent de quitter la Cathédrale. Seul un enfant et le Yakon avait osé ne pas bouger. D’ailleurs le petit Benzert prit même la parole : « Moi je n’aime pas les musique comme ça, je préfère les musiques d’épouvante, celles qui nous laisse un frisson dans le corps pendant des heures, il était nul ton morceau ! »

Voyant que sa Muse avait prit la mouche face à cette protestation, Osyra en avait comprit le sens : « Tu veux de l’épouvante, tu vas en avoir » La muse réintégra le corps de la Yakonne et celle-ci devint d’un coup plus pâle, plus difforme. De nombreuses plaies et cicatrices, ainsi que des brûlures et des hématomes apparurent sur son visage et son corps. L’effet fini, elle était maintenant parfaitement hideuse et laissant échapper un rire machiavélique, fit fuir aussitôt l’enfant. Il ne restait plus que le Yakon, qui avait sourit du changement d’Osyra. Voyant que ce moyen serait inefficace avec lui, elle reprit son apparence normale et, comme si de rien n’était, ouvrit un dialogue avec le Yakon :

« Je n’aime pas que l’on critique mon art, je suppose que tu connais ça, non ? ».

« Bande de chiens ignorants ! Incapables d’apprécier la chance d’être en ma compagnie ! Incapables de toute façon de différencier un étron d’une rose ! »

Wilhem bouillaient littéralement de colère, prêt à frapper le premier passant venu, si ça ne l’obligeait en tout cas pas à avoir un contact physique avec le malheureux quidam. Et puis de toute façon il détestait avoir à se servir de ses poings, méthode de combat ô combien rude et dégoûtante. D’ailleurs la seule fois où il y avait été obligé il s’était pris une raclée, ce qui lui avait laissé un assez mauvais souvenir au final. Mais en tout cas les faits étaient là, si on enlevait tous les obstacles sus-cités, il était prêt à distribuer des bourres-pif. Sa colère avait même entrainé la matérialisation d’Elisa, dont la forme éthérée semblait flotter paresseusement dans le dos du Yakon, l’air plus inquiétant que jamais. Ce qui incitait d’ailleurs les rares passants à ne pas se rapprocher à portée de coup de poings, empêchant ainsi tous les désagréments possibles. La vie était quand même bien faite !

Mais en tout cas, l’artiste ne décoléraient pas de s’être ainsi fait abandonner par ses deux nouveaux compagnons. D’autant plus que c’était alors qu’il était parti assouvir un besoin naturel que ces lâches en avaient profité pour lui fausser compagnie. Qu’à cela ne tienne, ils se passeraient de lui, ils resteraient dans leur crasse crottée jusqu’à la fin de leur jour et finiraient sans doute par s’entre-tuer comme les premiers manants venus… leurs armes se traversant l’un l’autre… produisant une effusion de sang à la couleur seulement surpassée par la lumière des anges venus les chercher… chaque tâche sur leurs armures clinquantes comme un motif mystérieux…

Inconsciemment, tandis qu’il s’était laissé allé à ses divagations, il avait sorti un couteau et se tailladait maintenant l’avant bras de petites cicatrices en poussant des gémissements de plaisir. Revenant à la réalité, il vit que ses pas l’avaient inconsciemment porté à nouveau à la Cathédrale de Cristal. Appliquant un mouchoir sur ses cicatrices, il cacha l’ensemble sous son vêtement et rangea son couteau avant de se diriger vers le bâtiment principal, percevant une mélodie qui en sortait.

Tandis qu’il se rapprochait, il sentait les vibrations de l’orgue faire trembler l’ensemble de la structure d'ondes sonores. L’instrument était occupé par une Yakone, plutôt douée d’ailleurs de l’avis de Wil, même s’il ne pourrait jamais vraiment le reconnaître. Une petite foule s’était amassée et il alla s’asseoir près d’eux. Pas trop non plus, l’odeur était trop forte.

Une fois la fin de la composition arrivée, il resta devant l’orgue, sans vraiment trop savoir pourquoi d’ailleurs, tandis qu’il put observer la Voix de la Yakone se déchaîner. L’effet lui parut magnifique. Une telle transformation, si soudaine, la Beauté transcendée, l’alliance parfaite de l’épouvante et du magnifique ! S’il avait eu un pinceau et une toile sous la main, il aurait peint la scène immédiatement. A la place, tous les membres de son corps se contractèrent. Tous. Il aurait bien découpé la Yakone mais il trouvait avoir dépassé son quota aujourd’hui. Et puis peut-être pouvait-il la réserver pour plus tard. Le plaisir ne pourrait en être que supérieur. Il allait falloir agir autrement, refouler ses pulsions, seulement pour les laisser exploser plus tard en un gigantesque feu d’artifice de passion.

« En effet ! Qu’est-ce que ces gueux connaissent vraiment à l’art ? Je vous le dis en connaissance de cause, absolument rien ! Le véritable artiste est toujours incompris. Permettez-vous que nous fassions un bout de chemin ensemble ? Rien ne me ferait plus plaisir que de discuter Art en si charmante compagnie ! Je vous suis. »

« En effet ! Qu’est-ce que ces gueux connaissent vraiment à l’art ? Je vous le dis en connaissance de cause, absolument rien ! Le véritable artiste est toujours incompris. Permettez-vous que nous fassions un bout de chemin ensemble ? Rien ne me ferait plus plaisir que de discuter Art en si charmante compagnie ! Je vous suis. »

Osyra n’avait même pas eu le temps de répondre qu’il emboitait déjà son pas. Ce Yakon avait beau avoir des manières dans son langage, il n’empêche qu’il n’avait même pas prit la peine de donner son identité. De ce fait Osyra mit quelques minutes avant d’oser ouvrir une conversation avec son compagnon d’un moment :

« Je…eum…enfin… »

Décidément sa timidité était toujours aussi importante, cela devient de plus en plus gênant. Repensant au morceau qu’elle avait joué dans la Cathédrale, Osyra trouva enfin le courage :

« Je voulais te demander… Comme on va faire un peu de route ensemble aujourd’hui, comment t’appelles-tu ? Je suis Osyra et je descend d’une longue famille de musicien donc on peut dire qu’on a cela dans le sang »
Elle osa un petit rire avant d’enchainer :

« Ce que tu as vu tout à l’heure, c’est ma Muse, elle se nomme Julia et c’est un gourmande de beauté même dans ce qui peut paraitre le plus laid au monde. D’ailleurs il n’y a que quand elle est en moi que je comprends son point de vue. »

Osyra continua un petit moment à discuter comme ça, tout dire sans vraiment rien dire.

« Je rêve d’une chose depuis longtemps, c’est de pouvoir faire écouter ma musique à tous les habitants de la Tour, pourquoi pas en étant sur une immense scène et le son de l’instrument parcourant des lieux et des lieux tout en restant majestueux, offrant ainsi une sensation d’apaisement pour tout ceux qui étaient sur son chemin. »

La petite Yakonne fît deux petits bonds en avant et se retourna face à son interlocuteur :

« J’ai bien sur d’autres atouts, peut-être les verras tu plus tard » Elle termina avec un petit clin d’œil.
« Bon alors qu’est ce qu’on va bien pouvoir faire pour finir la journée, je devais donner une leçon de musique à un enfant Benzert mais maintenant que tu es là, on va peut-être faire quelque chose de plus passionnant, non ? »