Prologue

« Vous savez pourquoi ils nous a fait venir ?
- Non. Mais on dit qu’un terrible malheur est arrivé !
- Il parait qu’il a perdu son ours en peluche préféré, le bleu avec un coeur…
- C’est vrai ? Mon Dieu ! Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire ?!
- Chuuuut, il sort ! »

Une ovation s’éleva bientôt de la place gigantesque. Tous les yeux étaient tournés vers le balcon, d’où sortit leur roi bien aimé : Chô VII, l’air digne et grave, contrastant avec son naturel enjoué et bon vivant. Ses yeux, s'ils avaient pu les voir à une telle distance, était empreint d'une sourde anxiété, et les cernes qui les bordaient trahissaient une nuit qui n'avait pas du être de tout repos. Il leva lentement la main et le silence se fit.
« Mes chers Petitpetons, mes chères Petipetones. L’heure est grave. Un grand malheur s’est produit ici même, au château… »

Une rumeur parcourue la foule. Des chuchotements s’élevaient de toute part :
« Ah ! Je vous l’avais dit ! C’est le nounours qui a disparu.
- Mais chut ! »

Le monarque leva de nouveau le bras et reprit :
« Avant de vous préciser de quoi il s’agit, je me dois de vous prévenir que nous risquons d’entrer dans une ère de grave crise. La paix de notre cher pays dépend pour beaucoup de notre capacité à ne pas céder à la panique. Si nous restons tous solidaires, dans les moments difficiles qui à venir, alors seulement la Petipetonie pourra être sauvée... »

L’angoisse se lisait maintenant sur tous les visages. Chacun retenait son souffle, sans oser ne serait-ce que jeter un coup d'oeil au voisin.
« Je vous prie de me faire confiance. Tous les moyens ont déjà été mis en œuvre pour retrouver l’auteur de cet acte horrible. Longue sera la quête pour récupérer ce bien si précieux, mais je vous jure sur le sang d’Al que je punirai le coupable… »

La tension était palpable, plus personne n’osait parler. Tous fixaient les lèvres qui s'apprêtaient à révéler le drame le plus terrible que la contrée ait connu pendant des siècles. Il reprit d'une voix grave :
« Il est maintenant temps de vous dire ce qui est arrivé cette nuit, au sein même du palais...
…
Les moutons ont disparus. »

Alors ce fut la débandade. L’inquiétude avait laissé place à une véritable terreur. Les yeux exorbités pleuraient toutes les larmes de leurs corps. Les bouches déformées par des rictus effrayants hurlaient vers le ciel. Les silhouettes s’effondraient, se prenaient la tête à deux mains, se recroquevillaient sur leurs genoux, se bouchaient les yeux et les oreilles pour ne plus sentir la détresse commune. Certains s’évanouirent. Quelques uns s’enfuirent, sans rien emporter, désirant mettre le maximum de distance entre eux et ce pays que le malheur avait touché. D’autres encore se donnèrent la mort, pour ne plus revoir les temps de troubles qui avaient ruiné leur jeunesse.

L’âge d’or de la Petipetonie prenait fin…