À la poursuite des moutons disparus

Eirin opina du chef sans faire d'histoire, se plaçant en position dite du "touriste du sud" en feignant de s'intéresser à l'architecture des lieux ainsi qu'aux éventuelles vitrines composant la rue. Elle pencha la tête à de nombreuses reprises, tantôt pour vérifier l'arrivée du dealer, tantôt en prononçant de nombreuses exclamations admiratives dans le but de rendre la mise en scène plus crédible.

Pour sa part, Gonzague se roula en boule, puis se laissa lentement dériver à la suite de Zo. Avançant pas à-coup, comme poussé par un vent ne soufflant que pour lui, il ne tarda pas à se confondre totalement avec les autres détritus qui peuplaient la ruelle. Linora, qui avait pu le suivre des yeux un moment, constata que sa teinte s'assombrissait à mesure que la nuit tombait, jusqu'à disparaître au milieu des ombres. Petit à petit les passants honnêtes, encore relativement nombreux pendant la journée, se firent plus rares. Les seuls créatures encore présentes se résumaient à des silhouettes indistinctes, que la lumière semblait éviter farouchement.

Le Canul poursuivit sa route et bifurqua enfin dans la rue Gorge rouge. Il faisait désormais nuit noire et les rares lampadaires encore en fonctionnement ne projetait qu'une vague lueur blafarde. Il ne semblait y avoir âme qui vive dans cette rue. Les pas du Canul résonnaient sur les pavés et se réverbéraient sur les murs, seuls sons perceptibles hormis le brouhaha étouffé qui parvenait du reste de la ville.
Le dealer rejoignit le milieu de la rue et s'arrêta dans un coin de pénombre, droit comme un piquet. Visiblement très tendu, il fixa ses pieds et ne leva plus le nez.
Derrière lui, sans un bruit, une boule de papier se déplia lentement et s'étendit contre le mur sous la forme d'un rectangle. Le déguisement de Gonzague était indétectable : il s'agissait d'une affiche du club "La Cureuille éméchée", ventant un numéro de danse passablement dénudé. Le coin supérieur droit commençait sérieusement à se décoller, une déchirure la zébrait apparemment de bas en haut, et même des tâches plus foncées semblaient indiquer qu'elle avait subit les intempéries. Personne n'eut pu se douter qu'à travers les yeux des danseuses, quelqu'un observait.

Spoiler:

Zo suivait à une distance raisonnable le Canul. Raisonnable pour un Dragon nain. Donc assez près. Il longeait les murs, ajustant son chapeau et allumant un cigare, obtenant ainsi un air assez mystérieux et ... "bandiesque".

Au détour de la dernière ruelle avant d'atteindre la fameuse rue Gorge rouge, il s'enfonça rapidement dans la pénombre et d'un coup d'aile assez vigoureux (lui tirant néanmoins une petite grimace) il se projeta dans les airs et prit de l'altitude, survolant la zone en tachant de remarquer quiconque chercherait à se dissimuler dans le coin.

L'air fourant dans sa crinière lui fit un bien fou. Enfin un peu d'action, enfin un peu de risque... que le spectacle commence ! D'un coup de griffe expert, il trancha le bout incandescent de son cigare, le remit dans sa poche, n'en trouvant plus l'utilité tandis que ses sens s'exacerbaient dans l'obscurité de la nuit. D'ailleurs, il finit par ranger ses lunettes, trouvant cela d'un coup bien plus commode. Décrivant de larges cercles concentriques autour du canul, à altitude raisonable, il était prêt : au premier signe de fuite, ou si la conversation entre le Canul et son dealer tournait au vinaigre, il se savait prêt à réagir, et à faire pleuvoir les feux de l'enfer.

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Malheureusement pour Eirin, avoir l'air d'une touriste, dans ce quartier et à cette heure-ci, n'était pas le meilleur moyen d'éviter les ennuis. Elle avait l'air si innocente qu'une voix masculine ne tarda pas à susurrer dans son oreille :
"Eh bien, ma jolie, on est perdue ? On cherche son chemin ?"

Spoiler:

Bien. Etant donné le résultat, je considère que Eirin se méfie pas du tout de l'inconnu (mais alors pas du tout !) . Je peux retenter un autre lancer de cet acabit par la suite ou pas ? Même avec Biseptine ? 

Alors que Biseptine voletait dans le ciel nocturne Eirin était trèèèès occupée à admirer moult vitrines de magasins désormais fermés à cette heure de la journée, un mystérieux inconnu tout gentil à l'intonation douce et aux manières de gentleman se proposait gentiment à s’inquiéter pour elle ! Elle qui croyait qu'il n'y avait que dans les livres que de tels hommes existaient (quoique, Gonzague était pas mal versé dans cette noblesse de cœur) , la voilà des plus étonnée ! 

La Myschiffone se tourna donc vers la source de la voix dans une rotation parfaite telle une ballerine, ce qui renforça encore son effet de fille qui jurait avec le reste du décor nocturne, quittant ainsi des yeux la rue du vil dealer pour répondre à cette sympathique personne. 

Vous êtes trop aimable lui répondit-elle en tentant de dissimuler avec ses pinces le rouge violacé qui lui montait aux joues sauf qu'il est dommage que je ne sois pas perdue. En fait, j'attend quelqu'un. Et vous, que faites-vous dans le quartier ? 


En attendant la réponse de son interlocuteur, l'araignée en profita pour mieux considérer le physique de l'être qui se tenait maintenant en face d'elle. Sans la moindre arrière-pensée, autre que celle d'assouvir sa curiosité bien sur. Pourtant, d'un geste que lui dicta son inconscient, la petite secrétaire avait raffermit la prise sur son sac à main en agrippant ses pinces sur la lanière de son sac à main, car une petite partie d'elle-même se disait que cet homme ressemblait assez à la description des individus plutôt louche qui rôdent dans la nuit noire et sans lumière et qu'il n'était possiblement pas aussi gentilhomme qu'il voulait être.

La nuit était tombée et le silence se faisait pesant. Linora, qui s'était tout d'abord conduite comme jeune fille curieusement (ce qu'elle savait très bien faire), avait très vite modifié son attitude, pour se fondre dans l'ombre et se mouvoir sans bruit, quand la lumière avait commencé à décliner. Tout d'abord elle avait considéré ça comme un jeu, pour se mettre dans l'ambiance, mettant Fléau au défi de la retrouver, ponctuant ses déplacements de petits "hop, hop eeet hop !", mais ensuite le silence s'était posé sur la ville aussi pesamment qu'un énorme cheval de trait qui s'assoit et elle s'était soudain sentie terriblement seule. Elle avait récupéré Fléau et s'était efforcée de faire le moins de bruit possible.
Se déplaçant avec plus de discrétion qu'elle n'en avait jamais développé même lorsqu'il lui était arrivé de prendre conscience de la présence d'un prédateur non loin d'elle, elle avait suivi Zo aussi longtemps que possible, jusqu'à ce qu'il se décide à s'envoler. Elle serrait Fléau contre sa poitrine (pas trop fort) pour se rassurer, peu habituée à ce que les choses deviennent aussi sérieuses, tentant de suivre des yeux le vol du dragon-lion. Lorsqu'il devint évident que ce dernier tournait sans cesse autour du même groupe de maisons, elle se trouva un petit coin (bon, d'accord, un gros coin) où se blottir, autant hors de vue que possible tout en étant encore capable de suivre une partie du circuit de Zo du coin de l'oeil, pour repérer un éventuel changement de trajectoire. Alors elle s'immobilisa complètement, se sentant soudain parfaitement invisible, aux aguets, guettant un éventuel bruit de fuite de fournisseur, comme Gonzague le lui avait demandé.

En face d'Eirin se dressait un Millaure bâti comme une armoire à glace, vêtu d'une veste en cuir et dont la crinière était dressée en une crête au-dessus de sa face chevaline. Son regard se posa subrepticement sur les mains de la Mischiffone lorsque celles-ci s’agrippèrent à son sac. Il sourit de toutes ses dents (dont quelques-unes étaient portées disparues), tandis que son regard se vissait dans celui d'Eirin.
Il lui attrapa le bras droit et le tint fermement, serrant trop fort du goût de la demoiselle.
"Tu sais que c'est dangereux de rester ici toute seule, ma mignonne ? Je devrais surement te tenir compagnie en attendant que ton amie arrive." Il fit mine de tirer sur son bras pour l'entrainer à sa suite.

C'est gentil mais non, merci. Mon amie ne devrait pas tarder à arriver et... heeey, ne serrez pas aussi fort, vous me faites mal ! 

Et tandis que son emprise sur son sac se renforça davantage, Eirin tenta tant bien de mal de résister à la force... envahissante de ce faux gentilhomme qui s'avérait finalement être un goujat de la pire espèce tout en cherchant un moyen de le faire lâcher prise si le besoin s'en faisait sentir. 

Lâchez-moi immédiatement espèce de... de malpoli vociféra t-elle d'une voix aucunement menaçante pour un individu de ce genre ou même pour un individu tout court faute de quoi je... je devra répondre par une douleur encore plus forte et par Acéthamol... ça vous fera pas plaisir. 

Volant dans le ciel étoilé à quelque mètres d'hauteur, Biseptine avait machinalement suivi le mouvement de sa maîtresse qui semblait suivre cet inconnu. Était-il plus intuitif que cette dernière au point d'en déduire qu'il fallait agir de suite pour le bien de cette dernière ? 

Le regard rivé sur la figure outragée d'Eirin, le malotru ne vit pas l'élégante courbe qu'amorçait son sac depuis le sol jusqu'à son entre-jambe. Mais la surprise de sentir le cuir effleurer ses attributs virils suffit à lui faire desserrer son emprise. Les yeux écarquillés, le gaillard eut un instant d'hésitation, puis détala comme un lapin dans les ruelles.
Occupée qu'elle était à mettre en fuite son trublion, la Myschiffone avait cependant relâché son attention. Elle ne remarqua pas l'ombre, pourtant peu discrète, qui se faufilait dans son dos et pénètrait la rue Gorge rouge.

En revanche, le personnage n'échappa pas au regard perçant du Dragon qui surveillait les lieux depuis les cieux. Ce dernier aperçu la silhouette à la faveur de la lune, la vit s'arrêter à mi-chemin pour lever les yeux vers le ciel, puis continuer sa route jusqu'au Canul.

Spoiler:

Rustre ! Goujat ! Ornithorynque ! Cornichon atrophié ! 


Voilà un extrait des paroles que les oreilles des quelques passants innocents encore présents à cette heure. Cela sortait de la bouche d'une Myschiffone habituellement polie qui était en train de poursuivre un Millaure à crête, à la démarche incertaine depuis que ce dernier avait été le cobaye d'une prise de karatêxtile, la seule discipline qui ressemble un tant soit peu à un art martial chez les araignées colorées. 

Cela dit, la différence anatomique au niveau des... pattes étant de taille, le semi-equin avait fini par semer Eirin. Elle cessa donc de faire tournoyer sac et "jurons" avant de souffler un bon coup sous l’œil des spectateurs surement médusé par tant de nervosité provenant d'une race ordinairement placide. 

Ah, mais ! avait-elle fini par souffler dans un immense soupir éreinté après que Biseptine était parvenu à la rejoindre. Après quoi la petite secrétaire décida de retourner dans la rue à surveiller afin de continuer son boulot de surveillante, rangeant son sac pour faire passer le temps. Décidément on ne pouvait même plus regarder des vitrines d'un air admiratif en Capit Al, j'vous jure...

La discussion entre le Canul et son mystérieux interlocuteur, bien qu'inaudible, sembla très vite tourner à l'échauffourée. Zo n'eut pas de mal à en deviner la raison, lorsque dans la poche de son costume le poids du sac d'haleine se rappela à sa mémoire. Sentant que quelque chose clochait, l'individu prit soudain ses jambes à son cou, avant même que Gonzague n'ait eu le temps de se décoller du mur pour l'attraper.
Il fonça à toute allure du côté de Linora...

Spoiler:

Le dragon nain, voyant l'ombre se mettre à courir, eu un rictus moqueur et replia vivement les ailes, prenant de la vitesse en plongeant vers sa cible.

Sa papatte droite s'orna de griffes étincelantes, tandis que la gauche cherchait dans son veston une petite chaussette rouge à tout petites étoiles jaunes brillantes.

Il survolait la rue de plus en plus vite, s’apprêtant à fondre sur l'individu lorsque celui-ci rencontra une autre forme sombre et imposante, dotée de sabots...

Grinçant des dents, deux petites volutes de fumées s'échappant de ses babines, le lion volant remonta en chandelle et fit un looping, afin de revenir au plus vite à la charge !!!

/:

*C'est long... C'que c'est long !* Songeait Linora, les yeux fixés sur le vol quasi hypnotique du dragon-lion. La peur de la jeune Centaure s'était peu à peu transformée en impatience piaffante, qu'elle avait fait de son mieux pour calmer. Elle avait sorti une sucette pour se calmer, lâchant pour ce faire Fléau, qui en profita pour s'étirer les pattes, gagné par l'humeur de sa maîtresse.

Mais l'excitation fit peu à peu place à la lassitude, alors que la sucette diminuait. Il était tard et Linora n'avait vraiment pas l'habitude de veiller longtemps après le coucher du Soleil. Sa vigilance s'émoussa, tout comme sa résolution ferme de tenir bon contre le sommeil et le vol du dragon-lion se fit trouble. C'était parfois comme s'il y avait deux monsieur Zo dans le ciel. Cligner des yeux n'aidait que pendant un très court laps de temps et elle n'osait pas taper des sabots pour se réveiller.

Au bout d'un moment qui lui parut une petite éternité, il lui sembla presque que le vol du dragon-lion s'était modifié : il ne semblait plus tourner mais venir droit sur elle... Elle cligna à nouveau des yeux, les frotta, mais rien n'y faisait. C'est alors qu'il partit en looping, pour se retrouver à peu de choses près à l'aplomb de la jeune Centaure qui, tout dédoublement visuel oublié, sortit de son renfoncement du mur prête, ou du moins l'espérait-elle, à réagir, au moment précis où une silhouette cagoulée, courant le long de la ruelle qu'elle surveillait plus ou moins bien, fonça vers elle.

Aussi promptement qu'elle le put, Linora se jeta en travers de sa route s'efforçant autant que possible de la bloquer dans la largeur, grandement aidée par l'étroitesse des ruelles du coin où les malfrats avaient décidé de se rencontrer et ses attributs équins, un peu moins par son manque de préparation, qui ne fut pas sans lui causer quelques soucis à démêler ses moult membres quand il lui fallut s'éloigner du mur.

L'individu qui venait de surgir devant Linora était légèrement plus petit qu'elle, aussi il tenta un passage en force entre les sabots équins. Nul doute que la cabriole imaginée tenait de l'élégante roulade façon Fantomette ; en réalité, pour ce qu'en purent voir les témoins présents, elle se résumait surtout à un roulé-boulé maladroit, accompagné d'un "AÏEUH !" qui trahit l'appartenance du personnage à la gent masculine. Cela ne l'empêcha toutefois pas de se relever aussi sec, et de continuer sa course en direction du centre-ville, Zo et Gonzague sur les talons.

De son côté, Eirin aperçu le piqué enflammé du Dragon et, un instant plus tard, ressortant devant la lumière plongeante, la silhouette du Canul qui détalait dans sa direction.

Flûte, j'aurais dû y aller ! se dit le Dragon la tête en bas, voyant l'ombre se faufiler (tant bien que mal) entre les sabots de Linora.

Sur son balcon, Herbert, le fameux Diplo d'Hocus Pocus gagnant du trophée royal d'élevage de Ptérodactylo, faisait sa sieste sur une chaise pliante...

Mais la petite aurait eu mal... et son truc familier a de grandes quenottes quand même... se dit le Dragon, la crinière tirée en arrière par la pression de l'air alors qu'il accélérait furieusement en fin de boucle, générant un panache de fumée sombre.

Rourou, le Ptérodactylo leva une narine, puis un sourcil, puis une aile et beugla "AU FEU !"... qui, en langage Ptérodactylo se traduit en un : KWAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAK très bruyant.

Alors, est-ce une bonne idée de le cramer tout de suite ? se dit le Dragon en armant sa papatte droite, détentrice de la chaussette rouge et or.

C'est alors qu'un lampadaire s'éleva juste devant lui... Non, pas un lampadaire, un cou ! Celui d'un Diplo d'Hocus Pocus aux yeux encore bouffis de sommeil, qui s'écarquillèrent néanmoins de frayeur de voir un Objet Volant Enflammé Non Identifié (OVENI, pour les intimes) lui foncer dessus.

Chaud devant ! s'écria Zo en ouvrant grand les ailes, tirant à mort sur le frein à main, pour enchaîner sur un tonneau, et filer à quelques centimètres du Diplo...
Raaaah, ces gens des villes ! Tous les mêmes empotés ! pensa Zo très fort en essayant de rattraper son retard à grand coups d'aile.

C'avait pourtant semblé une bonne idée, à l'origine. Mettre les chaussettes de combat nouvellement acquises aux sabots afin d'avoir les mains libres pour arracher une chaussette à un éventuel agresseur, ou encore d'attraper le fuyard, ou quoi que ce soit d'autre qu'elle puisse avoir besoin de faire.

Mais lorsque ledit fuyard passa sous son ventre en glissant avec une classe hésitante et qu'elle tenta un démarrage à pleine vitesse, elle comprit pourquoi elle n'avait jamais vu un Centaure mettre des chaussettes plutôt que des Fers à Marech'Val. Elle perdit soudain toute adhérence et patina un long moment des antérieurs sur les pavés, manquant de peu de déséquilibrer Gonzague, qui arrivait à son niveau précisément à ce moment là. Enfin, pivotant et se propulsant grâce à ses postérieurs, elle réussit à repartir, se ruant à la suite de Gonzague, alors que d'étranges lueurs éclairaient le ciel.

Fléau, oublié sur le moment, se cramponna fermement à sa queue à la force des mâchoires et commença une laborieuse remontée.

Spoiler:

Gonzague n'eut pas plus de chance que Linora. Il n'avait pas pris le temps de se débarrasser de la substance qui le collait au mur et emmêla certains de ses plis, tandis qu'il s'efforçait de mettre en branle ce qui lui servait de muscles. Les premières secondes de la course furent donc marquées par une démarche pataude fort peu efficace.
Pendant ce temps, leur cible gagnait du terrain, seule Eirin maintenait l'allure grâce à un démarrage en trombe.

État de la course : ELG-Z-_-?
(oui, c'est étrange comme smiley...)

Les multiples cliquètements de ses pattes enclenchèrent un rouage encore rouillé du cerveau d'Eirin, qui, sous l'effet de l’emballement, profita de relative proximité de Linora et de Gonzague pour faire sortir de sa bouche une question tout à fait pertinente. Les détracteurs de Myschiffons appelaient cela un "miracle" . 

Dites ! C'est après quoi qu'on court !?

Pendant ce temps, Biseptine tentait de les suivre tant bien que mal. 

Ca y était. Passé le cafouillage des premières minutes, Linora avait pu adopter une allure pas nécessairement extrêmement rapide, mais qu'elle était certaine de pouvoir tenir longtemps. Enchaînant les foulées de galop à longs mouvements souples, elle eut même le loisir de pouvoir détacher les yeux du sol et de découvrir Eirin, courant sur les murs et toits des bâtiments autour, s'adressant à eux en hurlant pour se faire entendre.

- Le monsieur que le monsieur qu'on a trouvé tout à l'heure devait rencontrer ! Celui qui lui donne... Instant de silence, comme si une soudaine prise de conscience venait de lui éviter une bourde colossale. C'qu'on cherche !

Lui dit-elle en réponse, s'efforçant de parler juste assez fort pour que la Myschiffone puisse l'entendre malgré la distance et le bruit de course, sans pour autant réveiller tout le quartier.

- Il est passé pas loin de moi tout à l'heure, tu le vois pas ? Monsieur Zo doit le suivre aussi !

Raaaah satané long-cou !

Voilà que Zo avait failli perdre de vue sa cible. Slalomant quelque peu, il finit par le repérer à nouveau et s'élança en sa direction.

L'air est quand même bien sec ... "et qui dit air sec, dit démangeaisons au bout des ailes !" disait toujours maman...

Il aurait bien mieux fait de ne pas y penser : déjà la pointe de l'aile gauche le chatouillait affreusement. Une vrille plus tard, c'était la droite. Un virage serré, et la gauche à nouveau...

C'est ainsi que Zo se mit à enchaîner différentes acrobaties aériennes : d'une simple roue, il enchaîna très vite sur des triple saltos avant de faire le grand écart pour aller chercher de la pointe de l'orteil la source de la démangeaison. Tout ça sans perdre d'allure, vous remarquerez l'expert... Menfin tout juste, hein.

La course battait son plein et chacun se donnait d'arrache-pied. Sautant allègrement de toit en toit grâce à ses pattes multiples, Eirin parvint à regagner un peu de son retard. Suivant le regard de Zo qui voltigeait dans la rue à côté d'elle, elle repéra au loin le fuyard.

LG-EZ-_-?

Alors que Zo cherchait à se gratouiller de l'orteil gauche, rasant pour se faire un toit aux combles aménagés et certainement habités, voilà qu'une fenêtre s'ouvrit rien que pour lui : dotée d'une jolie vitre, le travail du bois était vraiment bien effec...

Zblam !

Le Dragon perdit ainsi des neurones, quelques précieuses secondes et deux - trois bons mètres d'altitude avant de redéployer les ailes par instinct et de se laisser planer doucement.

De ce que pouvait en juger Eirin, ils avaient désormais dépassé le niveau de la Place Babillarde et de la Place de la Faim depuis quelques centaines de mètres (cf plan) et continuaient de courir en direction du Sud-Ouest.

Et alors ce fut la débandade. Le bruit mat du Dragon faisant la bise à la vitre fit détourner le regard à Eirin, qui se prit le pied dans une gouttière. Elle tenta de se rattraper au tuyau, malheureusement mal fixé et qui la suivit dans sa chute. Avec un fracas tonitruant, la pauvre Myschiffone atterrit en boule sur le pavé, se foulant 3 articulations (75PV perdus*).

Gonzague, finalement libéré de sa substance adhésive, parvint à accélérer, mais déjà le fuyard disparaissait hors de leur champ de vision. S'arrêtant un instant à un carrefour, l'Omigari déploya alors dans son dos une large surface ou s'affichaient trois grosses flèches, une pointant vers chacune des directions qui s'offraient à eux. Puis il reprit sa course dans la rue centrale, sans prendre le temps de se retourner.

LEZ-G-_-_-?

Spoiler:

Le bruit de ses sabots sur le sol était, il faut l'admettre, assez galvanisant. Jusqu'à ce qu'un fracas sans nom suivi très rapidement d'un autre la fasse redescendre sur terre en lui apprenant que deux de ses compagnons de course venaient de réduire sensiblement leur avance sur elle. Elle ne se laissa pas déconcentrer et prit de l'assurance dans sa course, prenant doucement de la vitesse. C'est alors qu'elle vit, devant elle, Gonzague leur indiquer trois directions et foncer tout droit.

Un vieux souvenir lui rappela que, le plus souvent, les Centaures poursuivis par des prédateurs tournaient spontanément à gauche quand ils devaient changer de direction. Espérant que celui qu'ils poursuivaient aurait le même réflexe, elle s'engouffra dans la voie de gauche à pleine vitesse. Elle lança à ses deux compagnons, pour éviter toute confusion :

- Je prends à gauche ! Criez si vous le trouvez pour qu'on se rejoigne vite !