À la poursuite des moutons disparus

Le Dragon y voyait plus très clair... pourtant la vitre était relativement propre... ah ! le chapeau !
Remettant son fier couvre-chef d'aplomb, Zo vit Gonzague foncer droit devant, Linora gambader vers la gauche en faisant un signe de tête et en ouvrant la bouche vers la droite.

Encore légèrement (complètement) oscillant, le petit Lion compris donc qu'il lui fallait aller à droite. Seulement, il était plus près dur mur qu'il ne le pensait... et c'est cette fois la gouttière de bout de rue qui lui fit la bise.

Raaaaaaaaaaah !!!!!!

Son vol se termina définitivement dans les poubelles de l'autre côté du carrefour. Son hommage à Meusan fut terriblement vibrant.

Il attendit quelques instants que sa tête cesse de sonner comme une vulgaire cloche, puis voyant l'araignée boitilleuse passer devant lui, il se rappela sa mission et se lança dans la ruelle de droite, clopin clopant.

Tandis que ses acolytes poursuivaient leur course folle, Eirin vint s'appuyer en grimaçant contre le mur le plus proche et activa sa chaussette de Soin. Une sensation de chaleur apaisante parcourut ses jambes tandis que les ligaments se remettaient en place et elle poussa un profond soupir de soulagement (+75PV, -3PC).

Les trois autres s'étaient engagés chacun dans une rue, mais s'arrêtèrent rapidement aux carrefours suivants. A cette heure avancée de la nuit, le centre-ville était quasiment désert. Ils tendirent l'oreille dans l'espoir d'entendre la course du fuyard, mais ne perçurent par-dessus le fond sonore de la ville endormie que les claquements des sabots de Linora sur le pavé, les battements d'aile de Zo et les froissements de Gonzague pliant et dépliant ses jambes.
L'Omigari revint en arrière et aida la Mischiffone à se relever.
"Est-ce que vous allez bien ? Espérons que les autres aient eu plus de chance..."

Alors que sa maîtresse trépignait sur place, Fléau eut le regard attiré par un reflet par terre. Il sauta au sol et s'en approcha, mais un mendiant le prit de court et se pencha pour ramasser la chose. Un grognement se fit entendre, qui fit tourner la tête à Linora : à quelques pas d'elle, au milieu de la rue, un Shadok en haillons examinait d'un air curieux un petit objet brillant, ignorant totalement le Kyaa qui montrait les crocs à ses pieds.

Rassurant à la fois les curieux, son animal domestique, et l'ami Gonzague, la Myschiffone donna sa pince à la main en papier de l'Omigari. 

Décidément, vous êtes toujours là où il faut. répliqua t-elle avec le sourire. Mais ça va bien, merci. Vous savez dans la vie, tout va bien tant que rien n'atteint la tête. Et j'ai eu le réflexe de tomber sur le côté alors c'est bon !  
Maintenant sur ses deux jambes (qui pouvaient être des bras, n'importe quoi cette race...) , Eirin considéra son reflet qui apparaissait dans une flaque d'eau apparue suite à la casse de la gouttière puis ajouta avec une moue déconfite : 
...Contrairement à ma coiffure que je vais devoir refaire pour la deuxième fois de la journée. 

S'évertuant à replacer son petit chapeau rouge dans une position à peu près convenable en se comtemplant à travers une vitre, le spectateur extérieur -et un tant soit peu coquet- n'était qu'obligé d'admettre que son chignon en avait prit un sacré coup tant il était défraîchi, des arcs de mèches de cheveux arc-en-ciel s'échappant plus ou moins de la structure ordinairement stricte de sa coiffure (cela fait plus secrétaire, qu'ils disaient...) . Alors que la petite araignée était en train de se battre avec une épingle à couvre-chef récalcitrante, une question de la plus haute importance résonna au travers des lèvres noires et tissées d'Eirin. 

...On fait quoi maintenant ? 

A cause de sa chute, la demoiselle n'avait pas pu voir le résultat de la poursuite. 

Linora déboula au carrefour suivant aussi vite qu'elle pouvait courir et s'arrêta dans un dérapage plus ou moins contrôlé mais en tout cas frustré, incapable de savoir quelle direction avait prise le fuyard. Attentive, elle tendit l'oreille, cherchant à avoir une indication quelconque sur la direction à prendre. Elle fut dérangée dans son écoute par un grondement sourd de Fléau. Tournant la tête, prête à lui ordonner de se taire mais espérant à moitié qu'il ait repéré le fuyard, elle repéra le Shadok que menaçait sans trop de succès le Kyaaah à dents de sabre. L'inconnu avait le regard penché vers un truc brillant. N'eut été Fléau, elle l'aurait sans doute ignoré et aurait continué sa route en prenant à nouveau à gauche, mais elle était convaincue que l'adorable boule de poils ne serait pas éloignée d'elle sans raison, surtout pas pour s'en prendre à une créature aux mollets aussi peu intéressants qu'un Shadok.

Sans hésiter, elle s'avança vers l'inconnu. Un pas et sa lèvre inférieure se mettait à trembler légèrement. Un deuxième et ses yeux clignaient de sommeil. Un dernier et l'angoisse dans ses yeux d'enfant faisait place à une lueur d'espoir, lesdits yeux s'agrandissant peu à peu pour se remplir d'une étoile ou deux. Une fois arrivée à portée de main du Shadok, elle leva vers lui son visage si soigneusement composé qu'elle avait auparavant tourné vers la lueur, et dit d'une voix fatiguée, légèrement tremblante mais éperdue de reconnaissance :

- Oh, merci ! Vous l'avez trouvé ! J'ai cru que je l'avais perdu !

Gonzague sembla rassuré que la Mischiffone s'inquiète davantage de sa coiffure que de sa chute. Il réfléchit un instant avant de répondre :
"Pour le moment, il vaut probablement mieux rester là où nous nous sommes séparés. Partir à la recherche de Linora maintenant serait trop hasardeux, mais elle aura sans doute la présence d'esprit de revenir sur ses pas pour nous retrouver. J'espère seulement qu'il ne lui arrivera rien de fâcheux...
Peut-être pouvez-vous envoyer votre Moustimace en reconnaissance pour qu'il tente de la repérer, ou de trouver Zo ?"

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Le Shadok commença par jeter un regard méfiant à la Centaure. Ses yeux vérifièrent discrètement ce qu'il tenait dans le creux de ses mains, puis revinrent à elle. Lentement, Linora vit une grimace se former sur son visage : ses yeux mouillés opéraient leur magie, il allait bientôt craquer. Elle le savait...
"Grrrblmble, grogna-t-il. Tiens, ma p'tite."
Il tendit l'objet et Linora l'attrapa. Mais elle eut beau tirer dessus de toutes ses forces, il ne semblait pas vouloir lâcher sa prise.
"'videmment, j'dirais pas non à une p'tite piécette. En remerciement du service rendu, voyez ?"

Spoiler:

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Avec un sourire émerveillé, Linora tendit la main, non sans un nouveau "Merci !" ému. Refermant les doigts sur l'objet, elle s'assura d'avoir une prise ferme sur ce dernier, avant d'essuyer de la main gauche légèrement tremblante une larme qu'elle avait réussi à faire couler durant sa performance.

- Oh. Oui, oui, bien sûr, je comprends. Vous avez raison.

Fit-elle suite à la requête plus ou moins subtile du Shadok, toujours d'une voix émue. Joignant le geste à la parole, elle plongea la main dans la poche latérale de son sac à dos, qui contenait la bourse qui lui avait été donnée au palais, dont elle tira en s'efforçant de faire tinter l'or qui s'y trouvait le moins possible trois pièces d'or. Elle les tendit au Shadok avec un sourire un peu tremblant. Puis elle finit par décider qu'il était temps de lui porter le coup de grâce, comme peu à peu elle commençait à se dire que la situation présente correspondait assez parfaitement au genre qu'on lui avait toujours recommandé d'éviter (seule, en pleine nuit, avec un monsieur inconnu dans une ruelle tout aussi inconnue... Non, définitivement, ça ne sonnait pas bien.). Elle se pencha donc légèrement en avant et déposa, suffisamment promptement pour que l'individu n'ait pas le temps de comprendre ce qui se passait, un bisou sur ce qui lui faisait office de joue.

- Merci encore. Je devrais vraiment y aller maintenant, sinon mes amis vont s'inquiéter.

Biseptine, t'as entendu ce qu'à dit Monsieur Gonzague ?
En fait non, pour des raisons logiques. Pas grave car Eirin lui répéta la teneur de ses mots.
Il faut que tu retrouve soit celle qui ressemble à un cheval, mais qui n'est pas un cheval, ou soit un volant qui crache du feu et qui porte des lunettes noires.

A fur et à mesure de ses descriptions orales l'araignée avait joint de sommaires dessins réalisés à la va-vite sur son bloc-note, dont elle en arracha ensuite une des pages après avoir indiqué leur position actuelle à l'écrit (je te laisse voir pour le nom de la rue, MJ) .

Compris ? Demanda la petite secrétaire à son cher familier chéri sur lequel elle venait d'y attacher le message sur son dos, sur lequel Eirin effectua une mignonne petite tape encourageante Allez, je sais que tu peux le faire, t'es le meilleur !

Ainsi Biseptine s'envola vers le croisement aux perspectives aléatoires.

Bien que la morphologie du Moustimace ne favorisait pas une telle posture, Eirin eut comme l'impression que Biseptine se mettait au garde-à-vous. Il prit de l'altitude et s'éloigna en direction du Nord-Ouest.

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Lorsque Linora lui donna ses piécettes, le Shadok afficha une moue sceptique et ne sembla pas relâcher l'étreinte de ses doigts. Il ouvrit la bouche mais, avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, le baiser de la Centaure surgit de nulle part et se posa sur sa joue. La surprise fut telle qu'il laissa filer sa trouvaille, au grand bonheur de Linora ; petite victoire qui compensait légèrement le goût âcre qu'elle avait désormais en bouche.

S'étant éloignée quelque peu, elle put examiner l'objet ramassé par le mendiant. Il s'agissait d'une broche en cuivre, gravée d'étranges symboles et de quelques mots :


C'est alors qu'apparut sous son nez un Biseptine solennel, qui exécuta un demi-tour parfait pour présenter le plan qu'on lui avait confié. Après avoir laissé à Linora le temps d'enregistrer toutes les informations, il reparti à la recherche de Zo.

Spoiler:

Contrôlant soigneusement son expression, Linora ne s'autorisa un petit sourire de victoire vite suivi d'une expression de dégoût qu'une fois le dos tourné au Shadok. Une observation rapide de la broche ne lui révélant pas soudainement où était parti celui qu'ils poursuivaient, elle s'en désintéressa rapidement et se tourna vers Fléau pour lui annoncer qu'il était l'heure de repartir.

Ce dernier émit un bref grondement d'avertissement et, se retournant vivement, elle n'eut que le temps de réaliser un bref geste de défense, croisant les bras devant son visage et fermant hermétiquement les yeux, avant que l'Horreur Multipates Suceuse de Sang de Centaure ne se jette sur elle ! Une seconde passa, puis une deuxième et, surprise de ne pas se sentir déjà vampirisée, la jeune Centaure entrouvrit - mais à peine - un œil, puis un second quand il lui sembla que la situation n'était plus dangereuse. Elle découvrit alors l'HMSSC dos à elle, une feuille de bloc notes attachée audit dos, indiquant une adresse, qu'elle interpréta comme étant la position actuelle d'Eirin. Décrispant lentement les bras, prête à se protéger à nouveau si besoin, elle marmonna un vague :

- Euh... Merci.

à l'adresse de l'insecte, qui détalla aussitôt. Se retournant vers le Shadok, elle eut un sourire ravi, lança un dernier :

- Merci encore ! C'est vraiment gentil de m'avoir aidée !

Puis, indiquant de la main à Fléau de la rejoindre, elle attendit cette fois qu'il ait le temps de grimper sur sa croupe, le gratifia d'une grattouille sur le sommet du crâne et repartit de la direction d'où elle venait, ouvrant grand la bouche et tirant la langue pour essayer de l'aérer et d'en dégager le goût désagréable qu'y avait laissé le Shadok.

Elle retomba vite sur l'embranchement où elle et ses compagnons s'étaient séparés, remarquant au passage que le nom de la rue qu'elle suivait était celui indiqué sur le document de l'HMSSC et lesdits compagnons purent voir débarquer une Centaure qui parvenait à avoir l'air passablement fier malgré de curieuses mimiques qui impliquaient notamment sa main droite frottant ses lèvres et son nez et diverses distorsions du visage.

Arrivée à eux, elle brandit fièrement la broche, telle un trophée, et produisit un son qui ressemblait à :

- i a ai'é 'om'é 'a,

alors qu'elle s'efforçait visiblement de parler avec la langue suffisamment plaquée au fond de sa bouche pour qu'elle ne frotte pas sur son palais. Puis, avec un

- Raaaaah, é orriiii'le

théâtral, elle se frotta à nouveau la bouche et s'empressa de déballer une sucette, avec des gestes précis et rapide qui trahissaient toute l'urgence de la situation, qu'elle enfourna aussitôt, faisant la grimace les quelques premières secondes, avant que l'expression de son visage ne finisse par se détendre alors qu'elle émettait un profond soupir de soulagement.

Les motifs de la broche titilla la curiosité d'Eirin.

Je peux voir cet objet de plus près, s'il te plait Linora ? 

Ensuite de quoi l'araignée l'examina sous toutes les coutures à l'aide d'un œil composé et attentif.

Hmm... intéressant. Ces gravures me paraissent familières mais...

Le petit Dragon était terriblement vexé. Tout ce qui fallait pas faire pour retrouver un peu d'haleine !
Se prendre des patates, être menacé (et prendre la peine de menacer), courir partout voir voler partout, tout ça dans des conditions INACCEPTABLES... ça allait bien cinq minutes !
Le Dragon ronchon finit par s’arrêter au carrefour suivant, et ne voyant plus rien, leva la papatte pour essuyer une goutte de sueur sur son front. ah, en fait, c'était une peau de banane accompagnée d'une feuille de salade humide... de mieux en mieux !
Il jeta la banane au sol, dans un grognement de dépit, sorti un mouchoir et retira le plus possible de crasse de sa belle crinière... n'y tenant plus, il y mit le feu. Voilà, maintenant il était propre !! Rien de mieux qu'une bonne douche de flammes.

Replaçant ses lunettes sur son museau, puis les retirant (c'était la nuit), il prit conscience d'une bestiole voltigeant devant lui. Un moustimace ! Sa pensée en arriva vite à Eirin et à son familier.
Si Biseptine était là, c'est que les journalistes devaient être à sa recherche...

Un poil déçu (juste un poil, hein...), le lion fit donc demi-tour, faisant signe au moustimace qu'il pouvait se poser sur le bord de son chapeau si il était fatigué de voler. Car voler, c'est vraiment difficile.

Arrivant au précédent carrefour, il commença par jeter un regard meurtrier aux poubelles étalées dans la ruelle, puis se tourna vers ses compagnons :

Alors ? je suppose que si on est tous là, c'est qu'on l'a perdu... Avez vous du nouveau ? Finit-il par demander en se rapprochant du groupe.

Oui ! Répondit Eirin au Dragon Notre équine a trouvé quelque chose !

L'araignée montra l'objet à Zo, dont les gravures furent aisées à déchiffrer pour une experte de la propreté dans son genre.

Il s'agit d'un sceau de la S.R.P, la Société Royale de la Propreté, ceux qui sont en charge d'entretenir les différentes bâtisses du Royaume (avec un grand "R") .
Je peux savoir comment vous avez obtenu cette broche, Linora ? Car ce n'est pas le genre de bien que l'on trouve partout...

Linora, dont les traits s'étaient détendus jusqu'à afficher une expression proche de la béatitude, commençait visiblement à ressentir la fatigue qu'elle avait jusqu'alors repoussée. L'attente dans la ruelle avait déjà bien attaqué sa pourtant légendaire résistance au sommeil, elle avait été brusquement réveillée par le pic d'adrénaline déclenché par la course et la soudaine retombée de ladite adrénaline associée à la consommation de la sucette commençaient à lui faire doucement cligner des yeux. Aussi ne réagit-elle pas outre mesure quand le dragon-lion les eut rejoint et mit-elle un moment à se rendre compte qu'Eirin s'adressait à elle, sans même se rendre compte du soudain passage au vouvoiement.

- Hum ? marmonna-t-elle d'abord. Oh, bah je te l'ai dit, il l'a laissé tomber. Enfin je pense. Je lui courais après et puis ça, fit-elle en désignant la broche, a été ramassé par quelqu'un à peu près quand j'arrivais au carrefour d'après. Alors comme je pensais que c'était à celui qu'on suivait et que ça pouvait nous donner des indices, je l'ai récupéré.

A la mention d'indice, la Centaure reprit visiblement son entrain et se rapprocha pour jeter de nouveau un coup d’œil à la broche.

- D'ailleurs, ça peut nous aider, hein ? Peut-être qu'il est dans la... Truc, là ? S.R.P. ?

Si il a laissé tomber ça, certainement qu'il y a un lien. Dit-il avec un sourire pour la centaure. Sauf que là, il est tard, il fait tout noir, et nous sommes tous bien fatigués. Que diriez vous d'aller nous reposer un peu, ainsi que prendre une douche dans mon cas ? On pourra toujours aller jeter un oeil à cette fameuse S.R.P. demain non ?

Le Dragon avait vraiment un air blasé. Même le cigare sur lequel il tirait fortement pendait pourtant mollement de ses babines. Sa crinière d'habitude toute en volume semblait s'affaisser sur ses épaules, et il était courbé, lui qui d'habitude se tenait très droit. Qui plus est, il avait aussi noté la fatigue de Linora, la blessure d'Eirin et l'aspect chiffonné de Gonzague.

Est-ce que vous connaissez un hôtel digne de ce nom dans le coin ? fit il finalement, en jetant un regard légèrement désespéré dans les ruelles adjacentes.

Gonzague fixait la broche dans la main de Linora d'un air songeur.
"Ne nous emballons pas trop vite, rien ne nous assure que ce soit effectivement notre homme qui l'a laissée tomber... Mais faute de mieux, cette piste est à creuser."
Il réfléchit deux minutes en regardant alentours, puis déclara :
"À cette heure avancée de la nuit, il n'y a guère que l'Auberge du Clair de Lune qui sera encore ouverte. C'est un hôtel Mogouaille, mais peut-être pourront-ils nous trouver des chambres."

L'Omigari prit la tête du groupe et se dirigea vers le sud. En chemin, il s'adressa à Zo :
"Mon Cher, pourrais-je jeter un œil au sachet d'haleine que vous avez confisqué toute à l'heure ? Il me semble que vous l'avez gardé, n'est-ce pas ?"

Zo leva des yeux étonnés et un sourcil vers Gonzague, relisant soigneusement les mots écrits sur sa surface épurée.

Hum... et bien, oui... bien sûr que je l'ai gardé ! Quant à l'analyser... N'allez pas en gaspiller hein ? dit il avec un regard scrutateur. Et puis, je ne sais pas si c'est le bon endroit pour... Voyant le pli insistant de l'Omigari : très bien, je vous sors ça.

Et tandis qu'il balançait sur ses petites pattes de derrière, il se mit à fouiller à l'intérieur de son veston qui avait connu des jours meilleurs. Quelques secondes plus tard, un petit sachet apparu dans sa patte.

Attention. C'est très précieux...

C'est une Eirin en proie au scepticisme que l'Omigari laissa en arrière en prenant la tête du groupe. Ce dernier avait décrit un hôtel et cela ne lui plaisait guère. Moguoaille de surcroît. Non pas que l'araignée pouvait faire preuve de racisme (encore fallait-il qu'elle en pige le concept pour cela) mais elle connaissait leur propension naturelle à vivre dans le noir complet, avec toutes les conséquences que ce mode de vie renfermé impliquait dans une chambre dite standard : Odeur de moisissure, prolifération des bactéries Lenoir* (TM), et autres développement massif de puces de lit se montrant aussi agressives que leur propriétaire marsupiaux (sans doute) ayant absorbé des substances nutritives dans la nuit. 

Autant dire que ce programme ne l'enchantait pas du tout, au point d'en avoir un frisson lui rebroussant les poils un bref instant. 

D'un autre côté, il lui était entièrement possible de rentrer chez elle tranquillou et de dormir les pinces de pieds en éventail. Son appartement, à la fois situé à côté du Grand Marché et à l'orée du Quartier des Affaires, n'était pas trop loin pour y aller... à pinces. Seulement la vive secrétaire ne pouvait décemment se permettre de laisser ses "copaingons" seuls face aux affres de la rue, mais les inviter était un coup à se retrouver avec des traces de sabots et de cendres de cigare répandues partout sur son sol carrelé alors qu'elle venait de le laver à grandes eaux il y avait de cela 32 heures, 45 minutes (plus 21 secondes à l'instant même où ces lignes ont étés rédigées)  ; c'était un coup à devoir tout refaire ! 

Difficile dilemme moral qu'était celui d'Eirin. Et pourquoi ne pas devoir choisir entre l'exsomnie et la dédigestite tant qu'on y était ? Cela ne lui paraissait pas si différent à ses yeux, mais en considérant le fait que l'Hopital se trouvait être bien plus proche de son domicile que de l'Auberge mentionnée par Gonzague, son choix se fit finalement très rapidement en faveur de prendre le risque de salir sa propre maison, qui se retrouvera certainement moins sale suite à mille de leur passage comparé aux murs d'une chambre d'hôtel inconnue !

Hum hum... Gonzague, Linora, Zo ? dit-elle timidement afin d'obtenir leur attention avant de continuer de plus vive voix.
Je sais que j'interromps votre précieux examen, mais je me disais que plutôt que de se risquer de mourir dans d'atroces saletés d'essuyer un refus pour des chambres qui, de toute manières, ne doivent certainement pouvoir héberger des Centaures, je peux vous proposer de dormir chez moi ... si vous le voulez bien, bien sur ! 
Ce n'est pas très spacieux et il faudra s'organiser pour faire suffisamment de lits pour tout le monde, au moins on ne risque pas de s'y cogner au plafond.  

En savoir plus sur la bactérie Lenoir:

Gonzague attrapa le sachet avec précaution et le leva devant ses yeux, à la lueur d'un lampadaire. Il s'apprêtait à écrire quelque chose lorsqu'Eirin l'interrompit.
Il se tourna vers elle et dit :
"Oh, eh bien... Si cela ne vous importune pas, ce serait très aimable à vous."

Le temps que Zo reporte son attention sur l'Omigari, le sachet d'haleine avait disparut dans un de ses plis. Anticipant sa réaction, ce dernier déclara :
"Nous irons le porter à la caserne demain, dès notre lever. N'est-ce pas ? Nous aurions de graves ennuis si l'on nous trouvait avec de telles substances en notre possession."

Puis il fit signe à Eirin de leur indiquer la route.

Spoiler:

D'accord, suivez-moi, ce n'est pas trop loin d'ici. 

Eirin prit la tête du sextuor, entamant ainsi une marche nocturne sur sol bémol majeur en agglomération. Zigzaguant dans les rues, détournant les ruelles sombres riches en mauvaise compagnie Millaure et autres, ils marchèrent ainsi durant vingt bonnes minutes avant d'arriver à la place couverte du Grand Marché, caractéristique du Quartier Nord de Capit Al. L'araignée bifurqua ensuite sur la gauche dans une rue annexe. La dense urbanité de l'endroit rendit la route pavée très serrée, aussi il valait mieux avoir de bons yeux (ou de bien connaitre les lieux) pour remarquer la voie menant à l'Impasse Partou, là où se situait le domicile d'Eirin, un immeuble en brique rouge qui ne payait pas de mine. 

La Myschiffone s'excusa un instant afin de se rendre à sa boite aux lettres située sur la devanture de la bâtisse, laissant ainsi aux autres tout le loisir de contempler sa stupéfiante banalité. Au programme dans le courrier de Mademoiselle Corsodyl : Pub pour de la Béchamel d'Oresk, facture mensuelle, et une énième plainte de triche concernant le pierre-feuille-ciseaux de secrétairerie qui datait un peu. Même ses correspondances se faisaient des plus ordinaires.

Une grosse boulette à papier riche en accusations infondées lancée dans la poubelle de rue plus tard, Eirin guida à nouveau ses invités en leur faisant grimper un escalier long, moche, grinçant, et crevant. Fort heureusement qu'il y avait un lit qui les attendaient étant donné que ce calvaire architecturale dura huit étages, soit le plus haut possible. Le tintement du trousseau de clés sur la serrure de la porte sonnèrent comme un libération aux yeux des plus fatigués. 

Et voilà. Lança une hôtesse éreintée et bien contente d'être arrivée elle aussi. C'est modeste comme logement mais ça devrait faire l'affaire. Et n'oubliez pas de vous essuyer les pieds et les pattes avant d'entrer.

Porte maintenant ouverte et lumières allumées démontrèrent deux éléments majeurs.

Primo : Que Modeste ne doit pas signifier la même chose dans le vocabulaire Myschiffon que dans le reste de la Petipetonie. Dans le cas de figure ici présent, Modeste signifierait plutôt : Assez grand quand même, tu pourrais même te faire une boum dans le salon. Une boum intime mais ça irait si on se serre un petit chouia. 
Deuzio : Ou alors Modeste pourrait également être synonyme de : C'est trop blanc et trop nickel pour être vrai ! Cette brillance pique les yeux !
Il est vrai que tout était d'une telle luminosité et propreté que l’Hôpital passerait pour crasseux en comparaison. Carrelage blanc du sol au plafond, meubles blanc fait d'une matière lisse réputée facile à nettoyer et odeur de désinfectant mêlée à celle de café régnaient en maître dans le domicile. Seule l'imposante vitrine au fond de la pièce avec vue sur multiples petites cuillères vous rappelait que l'on était dans une maison à vocation domestique et non dans un autel dédié à la propreté où la moindre trace de poussière était chassée sans vergogne. Bien entendu, tout les objets de sa précieuse collection étaient scrupuleusement disposées en cercle au millimètre près, nul doute qu'Eirin devait être le genre de Myschiffone à trier ses céréales selon leur teneur en fibres. 
Entre autre élément notable qui n'était pas des moindres, les seuls murs séparateurs servaient à diviser toilettes/SDB du reste des pièces à vivre, qui comprenaient un canapé, un fauteuil, une échelle avec des barreaux à même le mur menant à une barre en bois traversant le salon dans le sens de la largeur, un réveil logé dans un enfoncement à hauteur de cette même barre de plafond... mais pas le moindre lit. 

Cependant, cela ne semblait nullement alarmer l'hôtesse, qui, après avoir invité ses collègues à prendre place, pour peu que leurs yeux n'eurent pas saigné devant tant de "pureté" , se ramena devant eux avec des tasses de café avec sucre, petites gourmandises et jolies cuillères en argent prévues pour les grandes occasions. Soigner les hôtes ou les autres étaient du pareil au même chez sa personne. 

Un café pour vous remettre de la marche ? demanda t-elle avec un sourire candide comme Eirin savait si bien les faire. 

Biseptine lui, possédait déjà son récipient personnel et n'avait pas attendu la demande de sa maîtresse pour en absorber le divin nectar.

Le trajet avait été épuisant pour Zo et ses méninges...

D'abord, il n'avait plus son sachet d'haleine, subtilisé de façon barbare et vulgaire par l'Origami. Sa priorité venait donc de passer de : trouver comment s'en procurer d'autre, à : Mon prééééésssssssieuuuuux ! En clair : le petit sachet flottait dans son esprit, se rappelant à lui au moindre détour du chemin qui les menait chez Eirin.

Et puis, aller à la caserne le lendemain ne l'arrangeait pas, mais alors pas du tout... rumina t 'il alors qu'Eirin ouvrait sa boite au lettre. Et puis quoi, des journalistes allant donner la source d'un très bon article aux autorités avant même d'en avoir tiré toutes les ficelles ?

Ses doutes allaient grandissants, alors qu'ils grimpaient les marches du bâtiment en briques rouges (très jolie couleur, en passant).  Et en arrivant en haut, il savait ce qu'il devait dire et faire, quoi que ça lui coûte...

C'est alors que le blanc le frappa.

Derrière ses lunettes teintées (maintenues sur le front pendant la phase "escalade de marches qui m'arrivent à la hanche" mais tombées sur son nez sous la violence du choc) ses petites pupilles se mirent à rétrécir, rétrécir, rétrécir... Un mince trait vertical, c'est tout ce qu'il subsistait d'elles lorsqu'il reprit conscience.

Car oui, son immobilité était autant physique (sauf pour la mandibule... plutôt relâchée et pendante) que mentale : son beau discours avait fait Pouiiif avant de sortir par une oreille, tandis qu'un bouton reset était pressé quelque part et que ses neurones se mettaient à observer un pieux silence.

Que, quoi, hein ? fit le Dragon en secouant la tête. Un café ? Un neurone accepta gentiment de mettre une image sur ce mot, mais exigea une prime pour travail le dimanche. Oh c'est gentil, merci Eirin, oui, un café me ferait grand plaisir.

A quoi je pensais, déjà ? se demanda t"il en s'approchant du canapé, ayant frotté dûment ses papattes au paillasson, et épousseté sa veste à l'entrée. Il passa un petit coup de flamme caudale sur l'arrière de son pantalon, avant de bondir sur le velours bien blanc... Blanc..... Blanc....

Présssssssssieuuuuuuuuuuuux

ah oui, ça.

Il suffit maintenant ! s'exclama t'il soudain, se dressant sur ses pattes, atteignant la hauteur du nombril de Linora grâce au renfort fort apprécié du canapé. Il pointa un doigt accusateur vers Gonzague : rendez-moi ce pour quoi j'ai dû subir une chaise sur mon crâne, rendez-moi la justification de l'état déplorable de mon complet, rendez-moi ma découverte, mon inspiration, mon Haleine !

Cette envolée lyrique pouvant manquer de clarté, le doigt accusateur se couvrit de petites flammèches, alors que sa patte gauche tenait la chaussette de maman, brillante de bonnes intentions.

Et puis d'abord, quel journaliste, tenant un tel scoop, irait tout gâcher en allant en parler aux autorités ? Quel journaliste aurait peur d'avoir sur lui un objet illégal, alors que secrets et autres people story sont votre fond de commerce ?

En regardant Eirin et Linora : Je crains que notre cher ami pliable ne soit pas ce que vous imaginiez mesdames... Linora, bloque la sortie ! Et maintenant, Gonzague (il prononça ce nom avec un grondement félin) rendez moi ce sachet.

Linora n'était quand même pas peu fière de sa trouvaille, aussi gonfla-t-elle légèrement le torse devant le sourire de Zo, avant de marmonner quelque chose qui aurait pu passer pour "mésiçaitaluiforcément" quand Gonzague tempéra les discussions que ladite trouvaille avaient fait naître. Faisant preuve d'une mauvaise foi colossale et assez typique d'un enfant dont on vient de doucher l'enthousiasme sans délicatesse aucune, elle n’emboîta pas tout de suite le pas au reste du groupe en direction de l'hôtel et, quand elle le fit, marcha d'un pas délibérément lent, discourant avec Fléau (mais pas trop fort quand même) de comme c'était chouette de se balader la rue dans la nuit surtout quand on est pas fatigué, lançant de temps à autre des regards mécontents au dos de l'Omigari. C'est alors qu'Eirin lui sauva la vie (au strict minimum), en proposant un choix différent de celui de Gonzague et qui permettrait quand même de dormir (parce qu'au bout d'un moment, mauvaise fois ou pas, il était vrai qu'il faisait quand même sommeil). Aussi eut-elle un grand sourire ravi avant de répondre à la Myschiffone avec enthousiasme.

- Oh oui, bonne idée ! Merci Eirin, c'est très gentil !

Puis elle emboîta joyeusement le pas à la Myschiffone. Aussi ne vit-elle les quelques lignes adressées par Gonzague au Dragon-Lion.

Au fur et à mesure de la marche, la monotonie de leur allure finit de plonger Linora dans un état d'hébétude légèrement chancelant et les quelques vingt minutes de marche se confondirent entre elles, jusqu'à ce que la Centaure ne reprenne conscience de son environnement, au moment où Eirin les laissait une minute pour aller récupérer son courrier. Quelques secondes de lucidité furent accordées à la jeune fille avant que, de nouveau, ses yeux ne se refusent à faire la mise au point sur ce qu'elle voyait. Cligner des yeux n'arrangeait rien.

L'escalade des marches ne lui fut pas trop laborieuse, une fois qu'elle eut trouvé son rythme, se laissant porter par ce dernier, mais elle ne put manquer de s'interroger, dans le petit coin de son cerveau qui fonctionnait encore, sur la façon dont elle allait pouvoir négocier la descente. Arrivée sur le pallier, elle retira ses chaussettes de combat, oubliées pendant la cavalcade, puis ses Fers, rangeant les derniers dans ses sacoches et gardant les premières dans la main gauche. La jeune Centaure essuya ensuite consciencieusement (encore un mot difficile) les sabots antérieurs sur le paillasson, pivota sur elle-même pour répéter l'opération avec les postérieurs, puis revint face à l'appartement et y entra. Ou tout du moins fit-elle un pas à l'intérieur. La brusque hausse de luminosité arrêta son avancée aussi sûrement qu'un mur et elle dut fermer hermétiquement les yeux pendant quelques secondes puis les ouvrir trèèèès lentement pour supporter la vue de l'appartement d'Eirin. Clignant régulièrement des yeux, elle parvint finalement à entrer complètement et embrassa du regard là où vivait Eirin.

Linora parvint au salon à peu près au moment où leur hôte rapportait des tasses pleines d'un liquide sombre. Elle en prit une, huma le breuvage, fut agréable surprise puis but une gorgée. La Centaure eut une seconde d'immobilité, avant de plisser la bouche et les yeux, affichant une expression qui aurait pu servir d'illustration à Beuuark dans un encore inexistant dictionnaire des onomatopées et de redéposer la tasse.

Alors qu'elle se remettait tout juste du choc violent dû à l'amertume du breuvage, Zo prit soudain la parole. Elle l'écouta jusqu'au bout, le visage pour une fois inexpressif et resta silencieuse à la fin de sa tirade, avant que l'ahurissement ne lui arrache enfin un :

- Hein ?

surpris des plus éloquents. Puis lentement elle regarda Eirin, puis Gonzage, sa main gauche, pendouillant le long de son corps, entourait toujours les deux chaussettes de combat visiblement oubliées pour le moment.

- ... Mais il est gentil, Gonzague., contra-t-elle d'un ton qui laissait entendre que pour elle cela mettait un terme à l'incident. Souvent. ajouta-t-elle avec un léger temps de retard.

Revenant vers le salon puisque ayant ramené le plateau à service sur le plan de travail de sa cuisine, Eirin n'en crut pas ses yeux en voyant la scène se déroulant sous son nez en ce moment même. Heureusement qu'elle ne possédait plus rien entre ses pinces, faute de quoi tout aurait fini à terre dans un grand fracas tonitruant. 

Ce dragon... ce dragon... après tout ce qu'ils avaient enduré dans cette journée... au terme de plusieurs heures d'enquête éreintantes à divers endroits plus ou moins propre... suite à une poursuite volante avec toute la transpiration que cela pouvait engendrer... il... il...

Il osait poser ses pattes lui faisant office de pieds sur son beau velours blanc !!! 
(Oui à ce stade, la menace orale sur invité passe pour secondaire dans l'ordre de priorité Myschiffon. Cherchez pas, vous pouvez pas test) 

Plus rapide qu'un éclair de Jeans, l'araignée avait saisi un de ses innombrables torchons puis s'approcha du trouble-fête locké du regard depuis l'instant sacrilège. Avait-il la moindre idée du temps nécessaire pour ravoir ce genre de tâche, maintenant ancrée dans le tissu par son poids de surcroît ? Savait-il qu'il y a des bonnes manières à respecter lorsqu'on se fait inviter généreusement par quelqu'un, et que de se mettre debout sur de moelleuses assises n'en faisait point parti ? 

Suite au cour de sac dans l'entrejambe, un autre arcane de combat Myschiffon, la fameuse technique numéro 42 de Karatextile qu'est le coup de torchon-balayette, se chargèrent d'apprendre à ce Monsieur Zo les bonnes manières !
...
Bon d'accord, ce fut la partie dissuasive de l'arcane qui se protesta vu que le torchon ne fit que lui claquer à quelques centimètres des talons. Son regard de sainte-ménagère courroucée se chargea de l'autre partie.

On ne pose jamais...ô grand jamais...ses pieds... ou ses pattes...les coussins c'est...fait pour s’asseoir...et le sol...pour marcher...comme prévu...

Sa respiration rauque faiblissait au fur et à mesure des déplacements erratiques du Dragon rythmé par les coups de tissu de cuisine l'incitèrent à se retrouver debout sur le carrelage. Ce dernier la surprit en train de se défouler ses pinces... sur le pliage minutieux du torchon.

Merci ! * big smile*
Vous voyez Monsieur Zo, comme il est facile d’appendre les bonnes manières. Il suffit juste d'y mettre un peu de bonne volonté ! Déclara une Eirin avec grâce et candeur (flippante) avant de voir son regard happé par l'écriture argentée de l'Omigari puis d'en émettre quelques objections sur le même ton.

Je crois que vous confondez les jours et les années, Monsieur Gonzague. Ça ne fait pas longtemps qu'on travaille ensemble. Presque aussi longtemps qu'avec Linora si je me souviens bien... non ?

Vous pouvez toujours aller discuter sur le balcon au bout du salon, ça vous évitera de devoir vous retaper les marches.

Autant il pouvait être réalisable qu'un Myschiffon parvienne à mentir, autant il ne fallait pas compter sur eux pour qu'ils arrivent à garder un secret plus d'une journée.

Spoiler:

Ayant vu Zo et Linora s'arrêter tour à tour au pas de la porte, Gonzague se montra un peu plus méfiant pour entrer.
"Oh. C'est... euh... très... euh... propre."
Il déplia ses pieds et les frotta pour en détacher la terre amassée pendant la course-poursuite. Puis il s'avança prudemment dans la pièce, n'osant trop étaler chacun de ses pas sur le sol immaculé. Il déclina poliment la tasse de café, déclarant qu'il avait besoin de sommeil.

Il eut l'air surprit pendant une demi-seconde lorsque Zo commença à hausser le ton, mais reprit un air impassible pour observer la fin de sa performance.
La dernière phrase lui soutira quand même un léger sourire et, prenant place dans un fauteuil, il répondit :
"Vous rendez-vous compte du ridicule de la situation ? Vous êtes en train de m'accuser d'imposture devant mes propres collègues, dont Eirin avec qui je travaille depuis plus de deux ans... Elle est pourtant bien mieux placée que vous pour savoir qui je suis, ne croyez-vous pas ?

Quel journaliste, demandez-vous, irait apporter un sachet d'Haleine de contrebande aux autorités, quelques jours à peine après que le plus grand drame de ces dernières années se soient abattu sur notre Royaume et alors que le risque de pénurie sur une telle substance en rend la possession passible des plus lourdes peines ?
Oh, eh bien, au choix : un journaliste prudent, qui ne souhaite pas prendre le risque de finir sa vie en prison pour un simple scoop ? Ou alors un journaliste altruiste, qui ne fait pas passer son travail au premier plan quand la survie de notre peuple est peut-être en jeu ? Voire même un journaliste pragmatique, qui sait qu'il ne tirera rien de plus de ce sachet, qui a déjà de quoi faire un bel article, n'a pas encore épuisé toutes ses pistes, pourra peut-être même se faire prendre en photo avec le capitaine de la garde et qui n'a donc aucune raison d'entraver davantage le travail des autorités compétentes ?

Maintenant à moi de vous poser quelques questions.
Quel genre de "magicien" se met en quête de substances de contrebande au moment où cela est le plus risqué ?
Quel genre de "magicien" repère un petit dealer au premier coup d’œil, dans une ville où il ne connaît personne ?
Quel genre de "magicien" se fait passer pour un agent de l'ordre et utilise des méthodes d'interrogatoire délictueuses pour se procurer sa marchandise illégale ?
Quel "magicien", enfin, perd tout son sang froid dès lors qu'on le déleste de "son" Haleine ?"

Zo ne put malheureusement profiter pleinement de la rhétorique de Gonzague : A la mention d'Eirin, le Dragon eu le réflexe de la chercher des yeux, et ne pu que constater l'arrivée imminente d'un torchon sur ses rotules.

Waaayeeeeuuuux ! S'exclama-t'il en bondissant d'une patte sur l'autre, encaissant plus qu'esquivant les coups, jusqu'à ce qu'il finisse par sauter à terre, lançant un regard furibond à la Myschiffone.

Il reprit aussitôt contenance et rebraqua son index enflammé sur Gonzague, alors que celui-ci déclamait à grandes lettres et force de guillemets des bétises à propos d'un magicien... Heureusement que c'était écrit, Zo pu à sa guise relire le début du message, faisant durer un blanc pour le moins inattendu alors que les dernières lettres apparaissaient sur la surface de l'Omigari.

Tututut, Gonzague, ça n'a strictement rien à voir avec le fait que je sois Magicien voyons ! Je suis un Dragon, parchemin fallacieux ! Maintenant, sortez de ce fauteuil et descendons dans la rue nous expliquer de bout de papier embobinateur à Dragon spolié ! je ne voudrais pas abîmer ces très beaux meubles (un autre coup de torchon sur le chapeau cette fois) en vous roussissant l'encre.

Spoiler:

Gonzague laissa planer le silence un instant, puis se leva avec son flegme habituel et, sans accorder un regard au Dragon, écrivit en marchant à travers la pièce :
"Des menaces, maintenant ? Désolé de vous décevoir, mais je n'ai aucun compte à vous rendre et j'ai certainement mieux à faire que de me battre avec vous comme un vulgaire chiffonnier.
Maintenant, si vous ne cessez pas cette attitude belliqueuse indigne d'un gentleman, je me verrai dans l'obligation de vous demander de partir."

En parallèle, un coin de sa feuille disait à Eirin :
"Enfin, mademoiselle ! Ai-je besoin de vous rappeler l'importance de la mission qui nous a été confiée ? Que vous prend-il de démonter ainsi notre couverture devant un Dragon rencontré le jour même, manifestement dangereux et un peu trop intéressé par l'Haleine à mon goût ?"